
Appliquant la décision judiciaire du 4 juillet dernier, Mediapart a censuré cette semaine ses 72 articles qui exploitaient les enregistrements sonores clandestins réalisés au domicile de Liliane Bettencourt, qui révélaient de possibles abus de faiblesse contre la milliardaire.
Mis en examen pour abus de faiblesse, blanchiment, escroquerie, complicité et recel d’escroquerie, abus de confiance, complicité et recel d’abus de confiance, abus de biens sociaux, complicité et recel d’abus de bien sociaux, et trafic d’influence actif, M. de Maitre a pu obtenir que soit mise sous silence la pièce maîtresse qui explique un tel déferlement judiciaire. Lequel éclabousse jusqu’à Nicolas Sarkozy, mis en examen pour abus de faiblesse.
"À travers Mediapart, journal numérique, indépendant et participatif, ce sont les impatiences démocratiques portées par la révolution d’Internet que les magistrats versaillais ont voulu sanctionner", analyse Edwy Plenel, le fondateur de Mediapart, qui dénonce une "justice injuste". (...)
Dès le jour-même de l’annonce de la censure à venir, un mouvement de solidarité s’était créé pour assurer une visibilité continue aux articles censurés. BitTorrent a été mis au service pour la diffusion des archives de Mediapart, mais surtout la presse elle-même s’est mue en rébellion, comme le souligne Arrêt sur Images, qui a lui-même mis en ligne l’intégralité des articles supprimés. Rue89 a choisi de diffuser les articles, tout comme Reporters sans Frontières, à travers son site WeFightCensorship, qui n’aura jamais été aussi bien nommé. L’Express, Libération, Marianne et Le Nouvel Observateur pourraient suivre le mouvement. Entre autres miroirs, Reflets.info propose aussi une archive intégrale.
S’il veut toujours censurer, Patrice de Maistre devra exercer une action contre chacun d’entre eux, et risquer de rendre plus populaire encore ce qu’il veut taire (...)