"Chers concitoyens et amis. L’ Amazonie brûle et c’est terrible. D’autant plus terrible que nous, nous vivons en Amazonie. Les Brésiliens se fichent éperdument de votre effroi face à cela. Ils ne respectent absolument pas votre réaction car ils savent bien que vous ignorez globalement le sort de vos concitoyens de Guyane. Il ne respectent pas non plus le gouvernement français qui brade les terres de Guyane à des multinationales extractives d’or sans que vous le sachiez.

Le 31 juillet le ministère de l’économie a cédé 49,8km2 de forêt primaire en France pour 5 ans et 150000 euros. Chaque jour, les enfants de mes voisins et amis amérindiens sont empoisonnés au mercure. La France entretient volontairement une lutte inefficace contre l’orpaillage illégal pour organiser le démembrement organisé de la Guyane.

Je suis en Amazonie, cet après-midi j’étais au Brésil. J’apprécie votre réaction légitime face au drame qui se joue actuellement. J’apprécierais aussi que vous fassiez preuve d’une implication aussi forte pour nous aider à défendre les 83000km2 de forêt primaire encore intacte, un territoire grand comme le Portugal, qui représente à lui seul 50% de la flore et de la faune de notre pays.

Je dis tout cela sans aucune rancœur car je sais bien que les médias sont moins enclins à parler d’enfants autochtones français qui meurent du saturnisme que de gigantesques incendies du côté brésilien.

J’espère que ce petit message vous donnera l’envie de regarder ce qui se passe ici, de faire pression sur notre gouvernement, afin que sa voix puisse déclencher autre chose qu’un rire narquois, rire de celui qui voit son voisin lui donner des leçons alors que sa propre maison est mal tenue.

Pour finir, ce message se veut ni méprisant ni vindicatif, c’est juste un appel d’un de vos concitoyens, ici, en Amazonie."