
L’accusation a appelé vendredi les jurés à déclarer coupable le « prédateur » Harvey Weinstein et à croire les femmes qui n’ont « aucune raison de mentir » en accusant le producteur d’agressions sexuelles, au dernier jour de ce procès-test pour le mouvement #MeToo.
Le producteur de cinéma aux plus de 80 Oscars se considérait « comme un maître de l’univers, et les femmes qui ont témoigné (contre lui) n’étaient que des fourmis qu’il pouvait piétiner sans conséquences », a déclaré la procureure Joan Illuzzi-Orbon dans son réquisitoire final, après trois semaines d’audiences au tribunal de Manhattan.
Perpétuité
Le producteur de 67 ans, qui risque la perpétuité en cas de condamnation, pensait avoir une « police d’assurance infaillible » car les six femmes qui ont témoigné au procès « faisaient la queue pour rejoindre son univers » et avaient donc intérêt à se taire, a-t-elle ajouté. (...)
« Pourquoi se soumettre à tout ce stress (en venant témoigner) » ? a-t-elle lancé aux jurés pendant sa plaidoirie de trois heures, plus courte que celle de l’avocate de la défense Donna Rotunno qui jeudi avait demandé l’acquittement.
« Leur dignité, leur intimité »
« Ont-elles semblé heureuses d’être au prétoire ? (...) Elles ont sacrifié leur dignité, leur intimité, leur quiétude dans l’espoir de faire entendre leur voix », a-t-elle martelé. (...)
Des six femmes qui ont témoigné contre le co-fondateur de Miramax, la déposition de l’actrice, au début du procès, fut sans doute la plus accablante pour Harvey Weinstein. Annabella Sciorra a tout fait pour le maintenir à distance après le viol présumé, alors que d’autres femmes sont restées en bons termes avec lui.
Selon la procureure, cela lui a valu d’être inscrite sur une « liste rouge » du producteur, et ciblée par des personnes qu’il avait recrutées pour essayer d’étouffer, en 2017, les enquêtes de journalistes du New York Times ou du New Yorker sur ses abus sexuels présumés.
C’est la publication de ces enquêtes qui a déclenché le mouvement #MeToo en octobre 2017, précipitant la dénonciation d’abus sexuels de nombreux hommes de pouvoir. Harvey Weinstein est le premier à être jugé au pénal. (...)
Si M. Weinstein a été accusé de harcèlement ou d’agression sexuelle par plus de 80 femmes, sur 30 ans, il n’est jugé directement à New York que pour deux agressions présumées (...)
Les réquisitoires terminés, les jurés - sept hommes et cinq femmes - vont délibérer à partir de mardi.
Plusieurs avocats ont indiqué s’attendre à des délibérations compliquées, n’excluant ni un acquittement ni une annulation du procès, faute d’unanimité des jurés.