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ONU Info
Michelle Bachelet : « la Covid-19 a montré nos échecs à investir dans des sociétés justes et équitables »
Article mis en ligne le 14 décembre 2020

« 2020 est une année qu’aucun d’entre nous n’oubliera. Une année terrible et dévastatrice qui nous a marqué, à bien des égards », a affirmé mercredi la cheffe des droits de l’homme de l’ONU, relevant que la pandémie de Covid-19 a mis à nu « les fissures et les fragilités de nos sociétés, exposant tous nos échecs à investir dans la construction de sociétés justes et équitables ».

Faisant le bilan de la gestion de la crise du coronavirus, la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a rappelé que l’année 2020 a fait « des ravages » non seulement dans toutes les régions et tous les pays, mais aussi sur l’ensemble de nos droits, qu’ils soient économiques, sociaux, culturels, civils ou politiques. « Elle a montré la faiblesse des systèmes qui n’ont pas réussi à mettre l’accent sur le respect des droits de l’homme », a-t-elle ajouté lors d’un discours ouvrant sa conférence annuelle sur la situation et les perspectives des droits de l’homme dans le monde.

« Au cours des 11 derniers mois, les pauvres se sont appauvris davantage et ceux qui souffrent de discrimination systémique sont ceux qui ont le plus souffert », a dit Mme Bachelet. « Si nous avions appliqué le vaccin des droits de l’homme - nous ne serions pas dans un état aussi grave que celui dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui », a-t-elle expliqué. 

« Le vaccin contre la pauvreté, l’inégalité s’appelle les droits de l’homme »  (...)

D’une manière générale, le nouveau coronavirus a mis en lumière « notre incapacité à faire respecter au mieux ces droits, non seulement parce que nous n’avons pas pu le faire, mais aussi parce que nous avons négligé de le faire - ou choisi de ne pas le faire ». 

Maintenant même s’il y une lueur d’espoir avec le « développement de vaccins », ces derniers ne peuvent toutefois à eux seuls résoudre la pandémie, ni guérir les dommages qu’elle a causés. « Les vaccins médicaux ne permettront cependant pas de prévenir ou de guérir les ravages socio-économiques qui ont résulté de la pandémie et contribué à sa propagation », a insisté Mme Bachelet. (...)

« Politiser une pandémie de cette manière est plus qu’irresponsable, c’est totalement répréhensible »

La cheffe des droits de l’homme de l’ONU a critiqué l’incapacité des pays à investir dans leur système de santé, la réaction tardive à la pandémie ou le refus de la prendre au sérieux voire le manque de transparence sur sa propagation. « Il est étonnant de constater que, même à ce jour, certains dirigeants politiques continuent à minimiser son impact, en dénigrant l’utilisation de mesures simples telles que le port de masques et la nécessité d’éviter les grands rassemblements », a-t-elle regretté. 

Quelques personnalités politiques parlent même encore avec désinvolture d’« immunité collective », comme si la perte de centaines de milliers de vies était un coût qui peut être facilement encouru pour le bien de tous. « Politiser une pandémie de cette manière est plus qu’irresponsable, c’est totalement répréhensible », a martelé Mme Bachelet.

Pire encore, « au lieu de nous rassembler, la réponse à la pandémie a, parfois, conduit à de nouvelles divisions ». « Les preuves et les processus scientifiques ont été mis de côté, et les théories conspirationnistes et la désinformation ont été diffusées et ont permis – ou même encouragé – la propagation du virus », a-t-elle fustigé. 

Pour la Haut-Commissaire, « ces actions ont plongé un couteau dans le cœur du bien le plus précieux, la confiance : la confiance entre les nations, et la confiance au sein des nations (...)

Face à ce tableau 2020 préoccupant, la Haut-Commissaire a appelé à tirer profit de l’épreuve pour rebâtir un monde meilleur. Elle estime qu’il sera essentiel « de réparer le système fracturé du multilatéralisme pour gérer la reprise ». D’autant que « des réponses nationalistes restreintes ne feront que saper la reprise collective ». Et selon Mme Bachelet, « le premier test sera notre capacité à faire en sorte que les nouveaux vaccins atteignent tous ceux qui en ont besoin ».

La Haut-Commissaire a également fustigé les manquements à assurer un environnement sain pour tous. « Prendrons-nous les mesures immédiates nécessaires pour combattre la plus grande menace existentielle de toutes, le changement climatique ? Espérons que oui. Car si nous ne le faisons pas, notamment en ce qui concerne le changement climatique, 2020 ne sera que la première phase avant le début d’une nouvelle calamité. Nous aurons été prévenus », a conclu Mme Bachelet.