
La survie des populations les plus pauvres du Sud, en majorité des femmes, passerait-elle par l’auto-entreprise avec le microcrédit comme levier ? La Grameen Bank du Bangladesh est fière d’ouvrir maintenant des succursales à New York et à Paris. Mais n’est-ce pas le signe d’une régression des emplois salariés et de la justice sociale au Nord, après la sévère dégradation des dernières décennies au Sud ? Jacques Attali, président de « Planète Finance », pense que la microfinance est une clé du développement, mais son avis est éminemment discutable. Le marché de la micro-finance, qu’on peut appeler aussi de la micro-dette, est potentiellement gigantesque quand on sait que la moitié des habitants de la planète disposent de moins de 2 dollars par jour pour survivre. De plus en plus de groupes financiers s’y intéressent. ..
...L’injustice mondiale est le résultat de la compétition capitaliste où le plus fort amasse des profits démentiels et où les faibles ne font que lutter pour leur survie. Afin de ne pas remettre en cause cette loi de la jungle intolérable pour ceux qui sont épris de justice et d’émancipation, les tenants du modèle actuel plébiscitent l’auto-entreprise et la micro-finance. ...
...Quels que soient les résultats positifs des microcrédits, et ponctuellement il y en a, ces mini prêts ne doivent pas nous faire oublier le système de la colonisation des ressources des pays pauvres et de l’esclavage économique et financier subi par leurs populations. Et ils ne doivent pas atténuer la lutte des peuples pour mettre définitivement fin à cette domination implacable. ...
Toutes les grandes puissances ont utilisé le protectionnisme pour développer les secteurs vitaux de leur industrie et de leur agriculture jusqu’à ce qu’elles soient assez solides pour affronter la concurrence. Tout cela est refusé aux pays du Sud. Microcrédit et auto-entreprise n’y changent rien, voire renforcent la logique actuelle puisqu’ils ne la questionnent pas. C’est la lutte consciente des peuples qui pourra tourner la page d’un capitalisme dont les ravages n’ont que trop duré.