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OrientXXI
Migrations, un horizon qui se dérobe
coopération entre les revues en ligne membres du réseau Médias indépendants sur le monde arabe : 7iber, Al-Jumhuriya, Assafir Al-Arabi, Babelmed, Mada Masr, Mashallah News, Nawaat et Orient XXI.
Article mis en ligne le 29 avril 2019

La mer Méditerranée, qui a représenté le centre du monde pendant des siècles, a de tout temps vu déferler sur ses rives de gigantesques vagues de migration qui ont fait émerger ou décliner des civilisations. Les flux de migration ne se sont jamais arrêtés depuis que le premier homme s’est frayé un chemin à la découverte de son environnement. Ces flux ont évolué avec l’histoire de l’humanité, pour répondre à de nouveaux besoins et prendre en compte de nouveaux risques ; les motivations et les destinations ont changé, poussant les migrants à relever sans cesse de nouveaux défis.

En cette fin de deuxième décennie du deuxième millénaire, la mémoire de l’humanité regorge d’images de migrants de toutes races et religions ayant pour dénominateur commun leur bagage de voyageur. Ils étaient pourtant différents par leur histoire personnelle, leurs récits, leurs itinéraires, les raisons de leur départ et la fin de leur périple.

La migration est un phénomène dont la vision est souvent brouillée par des idées erronées et de fausses perceptions quant à sa nature et ses causes. Elle représente aujourd’hui l’unique espérance pour des millions de personnes et un spectre qui hante les responsables gouvernementaux, confrontés à des défis politiques, économiques, sociaux et sécuritaires. Elle constitue aussi un sujet intarissable pour les organisations internationales et les médias.

Le rapport de l’agence des Nations unies pour les migrations pour l’année 2018 indique que le nombre des migrants est passé de 84 millions en 1970 à 244 millions en 2015, un chiffre qui équivaut à 3,3 % de la population totale du globe. Mais les trajectoires des migrants ne cantonnent pas aux voyages entre deux pays. Le même rapport indique que pour l’année 2015 plus de 740 millions de personnes se sont déplacées au sein de leur pays d’origine, pour des raisons principalement liées à la pauvreté, aux changements climatiques ou aux catastrophes naturelles. Une dynamique interne qui représente la cause principale du développement des villes et de leur expansion, et qui pose en même temps le dilemme de l’extension de l’urbanisation sauvage, de quartiers entiers totalement ignorés par les services publics. (...)

Qu’ils tentent d’échapper, dans leur pays d’origine, à une nature peu clémente, à des régimes oppresseurs ou à des politiques économiques iniques aux conséquences désastreuses, ou qu’ils aspirent tout simplement à une vie meilleure, les récits des migrants varient selon les articles du dossier. La singularité du travail accompli par les auteurs réside dans le fait qu’ils n’ont pas voulu considérer le phénomène de la migration comme un phénomène abstrait, un ensemble de chiffres arides. Ils n’ont pas voulu non plus considérer les migrants comme un simple objet d’étude, en les observant en quelque sorte à leur insu. Ils ont rapporté des récits vivants de personnes de chair et d’os, qu’ils ont rencontrées, dont ils ont tenté de sonder le cœur et l’esprit pour mieux en parler, pour nous faire partager l’étendue de leur détresse, de leurs rêves et de leurs inéluctables déceptions.