
Une publication des Archives of Pediatrics & Adolescent Medicine montre que la moitié des enfants américains en âge préscolaire n’ont pas d’activité physique quotidienne en plein air. Et les filles moins que les garçons. Portant sur une cohorte de 8950 enfants américains, l’étude a mis en évidence cette différence : les parents sollicitent moins les filles que les garçons pour aller jouer dehors. Un écart de l’ordre de 16 %.
(...) D’après les chercheurs, la persistance de préjugés plus ou moins inconscients explique ce constat : selon les stéréotypes sexués, les garçons seraient plus en demande d’activités physiques tout en jugeant leurs prédispositions athlétiques plus développées. On tolèrerait davantage qu’un garçon se salisse : une norme genrée qui conduirait les filles à être moins exposées aux microorganismes et qui pourrait expliquer la recrudescence des maladies auto-immunes chez les femmes à l’âge adulte. (...)
En France, 50 % des filles, entre onze et dix-huit ans, pratiquent une activité physique ou sportive en dehors du cadre scolaire, contre 75 % des garçons du même âge. Une différence qui n’est pas sans rappeler les choix d’orientation fortement influencés par les stéréotypes sexués au même âge : les garçons sont plus nombreux à choisir des filières techniques et scientifiques et les filles, des filières littéraires, humaines et sociales.
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Le sport n’est pas un concept neutre. Il s’est historiquement construit par et pour les hommes, afin de les former à la virilité. Dans « Le mythe de la fragilité - Déceler la force méconnue des femmes », Colette Dowling raconte ainsi comment, à toutes les époques, le contrôle des femmes est passé par l’assujettissement de leur corps. (...)
Le Comité international olympique a ainsi refusé aux femmes pour raisons médicales la pratique du saut à ski aux Jeux de 2010. Il aura fallu une plainte de féministes canadiennes pour que les sportives puissent pratiquer cette discipline aux jeux de 2014.
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Aujourd’hui encore, la présence des femmes dans le sport, leur engagement et leur visibilité sont très révélateurs. Loin d’être anecdotiques, ils sont le reflet de leur place et de leur reconnaissance dans la sphère professionnelle. On y retrouve d’ailleurs les mêmes inégalités : dans le sport de haut niveau, elles n’occupent que 10% des postes d’encadrement. Dans les médias, moins de 20 % des sujets sport leur sont consacrés. Et elles sont parfois utilisées comme simple argument publicitaire : une des affiches de la coupe Rogers titrait « Come for the ladies, stay for the legends » « Venez pour les filles, restez pour les légendes ». Elles ont une fonction décorative, ils écrivent des légendes…