
Un sombre halo a une nouvelle fois recouvert plusieurs de nos agglomérations. Le même qui s’attarde sur Pékin, Mexico, New-Delhi, Le Caire, Bangkok. Il provoque, dans ses conséquences les plus visibles, maux de tête, irritation du nez, de la gorge, des yeux, des bronches et des sinus. Les salles d’attente des médecins, les services d’urgences des hôpitaux sont assiégés et mieux vaut ne pas aller courir, activité pourtant hautement recommandée pour rester en bonne santé !
Ce noir et sale brouillard enveloppant les villes, souvent baptisé « pic de pollution », n’est que l’accumulation visible d’une multitude de particules fines la plupart du temps invisibles. Les émissions de gaz à effet de serre tout aussi invisibles à nos yeux et à nos sens provoquent pourtant les modifications climatiques à l’œuvre et s’ajoutent à ces substances aussi peu sympathiques que des sulfates, des nitrates, du carbone noir. Ce nuage apparaissant à intervalle régulier quand le vent se calme n’est donc que le révélateur d’une situation plus constante et sournoise. La pollution est la plupart du temps invisible. Ses victimes aussi ! Elle est pourtant une criminelle de masse.
En effet, l’organisation mondiale de la santé a évalué, il y a déjà quelques années, à trois millions sept cent mille le nombre de personnes décédant dans le monde des suites de cette pollution de l’air extérieur. Dans notre pays, elle contribue aux premières causes de mortalité par les cancers ou les maladies cardio-vasculaires. Un tel drame ne peut supporter les tergiversations et les petites polémiques politiciennes. L’heure est plutôt au débat et à la réflexion approfondie pour trouver des solutions à cette catastrophe déjà en marche. (...)
Comment par exemple présenter comme moderne de lâcher sur nos routes des milliers de cars et de camions tels des perdrix à la veille de l’ouverture de la chasse quand on réduit voire détruit le transport par rail ? Comment continuer à vanter les bienfaits du charbon et des énergies fossiles au lieu de lancer un projet audacieux pour les énergies renouvelables ?
Des dispositions doivent être prises dans l’urgence pour limiter cette pollution et ses effets. Au-delà, c’est le droit à un air pur qui devrait être décrété comme un droit humain fondamental. (...)
Il est remarquable de constater que pollution et réchauffement climatique sont parmi les plus grands dangers qui menacent notre siècle et qu’en même temps, les solutions pour les conjurer recèlent ses plus grands gisements d’emplois. Il n’est que temps de sortir des faux-semblants et de réfléchir, les uns avec les autres, aux réponses pour sortir d’un système économique qui atteint ses limites dès lors qu’il menace le genre humain et son environnement. Mourir de respirer est tout de même un comble ! Inacceptable !