
Voilà près de 8 semaines que le confinement a commencé, et bientôt 8 semaines qu’à Mayotte des familles entières se trouvent dans le dénuement le plus total, sans accès à l’eau et à une alimentation de base. Dès le début de la crise, La Cimade avait alerté les pouvoirs publics sur les conséquences dramatiques que pourraient avoir le confinement à Mayotte.
Si les autorités ont commencé timidement à se mobiliser, la réponse est non seulement bien trop tardive mais aussi largement insuffisante.
Difficile de critiquer l’action de l’Etat en cette période difficile sans avoir un retour de flamme mais nous avons décidé de continuer à faire notre travail, celui d’informer et d’alerter l’opinion publique. Nous ne sommes pas des logisticiens en mesure d’organiser l’approvisionnement en eau et en nourriture des dizaines de milliers de personnes actuellement privées de tout revenu sur l’île. Nous pouvons cependant y contribuer en mettant en lumière les insuffisances du dispositif actuel.
Les actions d’urgence à Mayotte ne semblent pas relever d’un véritable plan opérationnel et coordonné que l’on serait en droit d’attendre de la 5e puissance mondiale. Il est évident qu’un territoire précarisé et laissé pour compte depuis tant d’années ne peut se transformer en une nuit. Toutefois, pour tenter de pallier ces lacunes, encore faut-il mettre les moyens suffisants. D’une part, les budgets alloués par l’Etat sont très largement insuffisants. D’autre part, la Préfecture a fait le choix de déléguer officieusement la partie essentielle de la distribution à des structures associatives sans établir de modus operandi au préalable. Les difficiles missions de quadrillage du territoire, d’identification des besoins de la population et de distribution des bons leur reviennent quasi-entièrement, alors même qu’elles n’en ont objectivement pas les capacités ni les compétences. En effet, les associations mandatées ne sont pas formées à ce type d’action et ne sont pas épaulées. Elles peinent pour la plupart à trouver une organisation correcte car le courage et la bonne volonté ne suffisent pas mais ces dernières seront certainement les premières désignées en cas d’échec.
Les autorités affichent clairement la volonté de n’oublier personne quelque soit la situation administrative. Pourtant, certains quartiers n’ont toujours pas vu l’ombre d’une distribution. Les listes de familles en grande détresse restent trop souvent sur les bureaux des CCAS qui tardent à remonter les noms aux associations chargées de l’aide. (...)