
(...) Elle dit que son travail était apprécié de tous, elle se décrit comme étant une personne gaie et enjouée, ce qui la rendait « populaire ». Elle raconte avoir fait « plein de choses » qui n’étaient pas dans son contrat de travail, comme faire le ménage ou assumer en plus de sa charge de travail, celle d’une collègue absente.
Rosine dit qu’elle travaillait beaucoup, mais qu’il y trouvait son « compte ». Puis elle évoque son responsable qui « ne faisait rien », mais qu’elle « protégeait ». Ce chef quoique notoirement alcoolique, au moins, ne l’embêtait pas. Elle estime qu’après tout, c’était le problème de la direction.
Mutée à la cantine, elle croit d’abord à une mauvaise blague
En mars 2011, alors que tout allait bien, son chef lui annonce brutalement qu’elle est mutée à la cantine. Rosine croit d’abord à une mauvaise blague, elle réclame des explications, son chef lui explique qu’il ne fait qu’appliquer les ordres qu’il a reçu, qu’ il est désolé. Rosine se sent humiliée par cette décision. Elle décide de se battre. (...)
La semaine suivante, Rosine est obligée de travailler à la cantine. Trois jours plus tard, elle craque et s’arrête. Le poste est devenu trop dur pour elle, elle a pris de l’âge : les manutentions sont nombreuses et parfois lourdes. Elle déplore être isolée, devoir travailler vite, avec des horaires qui ne lui conviennent pas.
Trois mois plus tard, elle apprend que son chef a été licencié pour faute. (...)
Pendant la consultation, Rosine sanglote. Selon elle, sa mutation a été le résultat de représailles. Elle me dit que quelques mois avant, elle avait été convoquée par le DRH qui lui avait demandé une lettre sur les agissements de son chef. Rosine a refusé la délation : elle n’a pas révélé que son supérieur buvait dans son bureau.
Elle dit à plusieurs reprises que cela aurait été à l’encontre de ses valeurs, qu’elle est une femme honnête, qu’elle a toujours été droite. Elle se sent injustement punie, victime.
Elle explique avoir beaucoup donné pour son travail, et n’avoir finalement aucune reconnaissance.« J’ai travaillé 27 ans, j’étais bien, et d’un seul coup je ne suis qu’une merde », se lamente-elle. (...)