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Ouest-France
Nantes. Le coup de gueule d’un éboueur nantais : « Nous, bons petits soldats, on est en colère »
Article mis en ligne le 25 mars 2020
dernière modification le 24 mars 2020

Polémique. A trois dans un camion, sans masque et sans gel hydroalcoolique, les éboueurs font grise mine au moment de l’embauche. « On est tous inquiets pour nos familles », témoigne l’un d’eux.

« "On nous envoie au charbon, on fait partie des métiers réquisitionnés, on est tous volontaires car on a le sens du service public mais à un moment, il faut envoyer le matos ! On a l’impression d’aller travailler à poil" ». La colère est forte et claire dans le monde des éboueurs qui aimeraient tout « "simplement être protégés" », explique Erwan (1), père de trois enfants et qui fait partie depuis une dizaine d’années du plus gros des trois dépôts de Nantes à Malakoff. Une cinquantaine de personnes y travaillent. (...)

« La ville nous propose une lingette par personne pour travailler » (...)

"Le jour où un gars sera malade, il faudra mettre les deux autres en quatorzaine. Nous savons bien et nous comprenons que le personnel hospitalier doit absolument porter des masques. Nous demandons également à en avoir. Déjà, nous nous sommes battus pour pouvoir rentrer après la fin de la tournée, ce qui n’était pas gagné" ».
Le droit de rentrer après le travail

Depuis trois ans en effet, la mairie de Nantes a mis fin à ce que l’on appelait autrefois « fini, parti », un système qui fonctionnait ainsi depuis la fin des années 1950. Les éboueurs sont désormais obligés de rester jusqu’à 13 heures même si la tournée est achevée. Mais en ces temps de Coronavirus, « "cela devenait aberrant. Quand nous avions terminé à 11 heures, par exemple, on nous imposait de rester tous ensemble à glander dans un vestiaire ! On demandait au moins à avoir une salle de repos, un lieu à part, mais rien. Nous avons tous mis la pression sur la direction qui a finalement entendu et surtout compris notre demande légitime et justifiée. Depuis lundi dernier, on peut à présent rentrer chez soi après le travail" ».

Aujourd’hui, « "Quand on rentre à la maison, nous sommes inquiets pour notre famille, pour nos vies. Je ne sais pas jusqu’à quand ça va durer, peut-être que la direction prendra conscience de la dangerosité de ce métier jusqu’à ce qu’un collègue l’attrape. Moi j’ai des enfants, franchement, je flippe à mort" ».