
Si l’on est profondément attaché à l’idéal démocratique, comment peut-on se contenter de cette intermittence de la citoyenneté, de ce festival de coups bas et de promesses médiocres qui ne visent qu’à flatter les intérêts supposés de telle ou telle catégorie fabriquée pour les besoins de la chose ? Comment peut-on accepter que tout l’espace de la pensée, du débat et de la chose publique soit totalement saturé par la guerre des chefs, les attaques personnelles, les petites phrases, les chiffres sortis de nulle part, jetés à la gueule de tous pour tordre, encore et encore, le monde réel tel qu’il est totalement fantasmé par le petit bout de la lucarne ? Le vote n’est pas un blanc-seing. Ce n’est pas non plus un pis aller, une formalité à subir avant de retourner vaquer à ses petites occupations.
Je ne vais pas vous dire ce que vous devez faire, penser, vouloir, espérer.
dans quel monde voulons-nous vivre ?
De quelle manière voulons-nous élever nos enfants ? À quelle œuvre voulons-nous consacrer les années qui nous sont imparties ? Comment voulons-nous aimer, grandir, partager, échanger, exister, apprendre, créer, être et mourir ? Dans quel contexte et dans quel but voulons-nous nous lever tous les matins ? Qu’est-ce que nous pensons juste, qu’estimons-nous désirable ou sans intérêt ? Qu’est-ce qui fait battre nos cœurs ? Qu’est-ce qui nous donne envie de continuer ou de changer quelque chose ? Vers quoi voulons-nous tendre, absolument, du mieux que nous le pouvons ?
Est-ce qu’il ne s’agit pas là de questions essentielles ? Pensez-vous réellement que ce que l’ont tente de nous vendre actuellement vaut que nous y consacrions un seul jour de notre précieuse existence ? Avez-vous tant de jours devant vous que vous pouvez vous permettre de les passer à courber l’échine dans l’espoir d’hypothétiques jours meilleurs, toujours remis à plus tard ?
Je ne vais pas vous dire ce que vous avez à faire ou à penser. Je ne vais pas vous exhorter à choisir l’un ou l’autre de ceux qui prétendent nous représenter. Auprès de qui ? Et pour quoi faire, d’ailleurs ? Non, tout ce que j’ai envie, c’est de vous enjoindre à couper le son et à prendre le temps, ce précieux temps qui nous décompté parcimonieusement, ce temps, dont nous partageons tous l’inexorable progression vers le néant. Prendre juste le temps de questionner vos envies profondes, vos espoirs perdus et vos aspirations refoulées. Juste prendre le temps de réfléchir à ce que vous voulez vraiment pour cette vie qui vous a été donnée. Et à partir de là, je pense qu’il vous sera particulièrement facile de faire le bon choix, c’est-à-dire le vôtre. (...)