
À l’heure où le gouvernement français multiplie les déclarations injurieuses et les opérations ignobles [1] de « démantèlement » à l’encontre des « Roms » [2], il nous a paru utile de publier le chapitre édifiant qu’a consacré le collectif Cette France-là à la discrimination et à la violence étatique que subissent, en France de manière particulièrement spectaculaire et brutale, mais plus largement dans toute la « Communauté européenne », des populations qu’en bonne logique, on accuse en même temps de tous les maux.
...Les multiples noms qui les désignent illustrent la diversité des groupes qui, selon les régions où ils se sont fixés en Europe, ont connu des histoires très différentes. Cette diversité traduit aussi la difficulté qu’ont les Européens à appréhender un peuple qui n’avait pas, jusque dans les années 1970 [5], de terme global pour s’identifier, tout au moins selon les critères des États nations....
...« Le rejet, par le bannissement hors du territoire de l’État, a été une attitude quasi unanimement adoptée par les pouvoirs publics, répétée loi après loi, quelquefois année après année, et pendant des siècles, par exemple pour la France depuis le XVIe jusqu’au milieu du XXe siècle. Les interdictions portent sur le séjour (d’où le bannissement), mais aussi sur le nomadisme (interdiction de se déplacer) et la sédentarisation (interdiction de se fixer, de construire des maisons, interdiction aux populations d’en vendre aux Tsiganes). Au bout du compte c’est l’existence même du Bohémien qui est interdite. »
Lorsqu’il n’est plus possible de le repousser hors du pays,
« il reste à maintenir le dissident hors de la société, soit en l’enfermant, (…) soit en le confinant dans une surveillance quotidienne en dehors de la société »...