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Ouïghours opprimés dans le Xinjiang : « Soyez sans pitié », a dit Xi Jinping
Article mis en ligne le 23 novembre 2019

Des documents révélés par le « New York Times » apportent la preuve de l’implication du président chinois dans la détention massive de l’ethnie musulmane.

Même l’univers paranoïaque et hypercontrôlé du Parti communiste chinois n’est pas à l’abri d’une trahison. Les documents fournis au New York Times par un lanceur d’alerte chinois, et mis en ligne samedi par le quotidien américain, apportent de nouvelles preuves de l’immense campagne de détention et de persécution des ethnies musulmanes du Xinjiang, une province de l’ouest de la Chine. Depuis des années, quelques chercheurs et médias étrangers, comme Libération, collectaient des données, recueillaient des témoignages, tentaient de contourner la censure phénoménale et les mensonges de Pékin sur le sujet. Ces documents, 96 pages de discours inédits du président Xi Jinping, 102 pages de discours de cadres du parti, 161 pages de directives et de rapports sur la surveillance des citoyens et 44 pages d’enquêtes internes, éclairent enfin « la façon dont la machinerie cachée de l’Etat chinois a mené à bien la plus vaste campagne d’internement du pays depuis l’ère Mao », selon les termes du New York Times.

« Outils de la dictature »

Le premier enseignement est que le président chinois lui-même a lancé le projet en avril 2014, un an après son arrivée au pouvoir, après une série d’attentats meurtriers menés par des extrémistes ouïghours, ethnie locale majoritaire qui compte environ 11 millions d’habitants. Dans un discours à des cadres du parti, il les appelle à « lutter contre le terrorisme, l’infiltration et le séparatisme » en utilisant les « outils de la dictature » et en ne montrant « absolument aucune pitié », et les exhorte à étudier les méthodes employées par les Etats-Unis après le 11 septembre 2001. Sous prétexte de neutraliser une frange d’extrémistes islamistes, Xi Jinping pose les bases du contrôle de tout un peuple : « Pour assurer la stabilité dans le Xinjiang, il faut une vaste campagne de surveillance et de collecte de renseignements pour éliminer la résistance dans la société ouïghoure. » L’objectif est d’étouffer dans l’œuf toute velléité d’indépendance de cette région rattachée tardivement à la Chine, qui mettrait en péril l’unité du pays. (...)