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Oumar, devenu majeur en France : "Le jour de mes 18 ans, tout s’est effondré"
Article mis en ligne le 23 janvier 2020

Arrivé en France à 16 ans, Omar a suivi des études dans la restauration. Mais une fois ses 18 ans révolus, son contrat d’apprentissage a été rompu et le jeune guinéen a reçu une obligation de quitter le territoire. Témoignage.

(...) Tout se passait très bien, le patron était très content et moi je m’adaptais très bien. J’étais heureux d’avoir trouvé ma voix. Je m’imaginais débuter ma vie professionnelle dans ce restaurant. Mon employeur voulait d’ailleurs que je continue de travailler avec lui après mes études.

Mais le jour de mes 18 ans, le 16 avril 2019, ma vie a complètement changé. Tout s’est effondré.

Comme je ne suis plus mineur, je ne peux plus être pris en charge par le département. Alors, je voulais demander un titre de séjour. (...)

Après le rendez-vous et la prise d’empreintes à la préfecture, les agents m’ont donné un récépissé de trois mois. Sans réponse de la préfecture, mon récépissé a été renouvelé une fois. Je continuais donc de suivre mon CAP.

Mais fin juillet, j’ai reçu une convocation de la préfecture. Ils m’ont alors dit que l’extrait de mon acte de naissance n’était pas conforme. Ils m’ont aussi demandé pourquoi à mon arrivée en Espagne j’avais déclaré que j’étais majeur.

Je leur ai alors expliqué qu’à l’époque je ne voulais pas rester en Espagne, que je voulais aller en France car je parle la langue et que j’ai pensé que ce serait plus simple pour moi de pouvoir aller en France si en Espagne je disais que j’étais majeur. Mais ils n’ont rien voulu entendre et étaient persuadés que j’avais menti sur mon âge en France.
Obligation de quitter le territoire français

Après l’entretien, j’ai reçu une obligation de quitter le territoire français (OQTF) assortie d’une interdiction de retour sur le territoire français (IRTF) malgré mes documents de travail et les lettres de recommandation de mon employeur, de mon école et même de ma professeure de français.

Ils ont rompu mon contrat d’apprentissage avec mon patron et l’école, et je ne pouvais plus résider au foyer. Depuis, je loge chez un ami mais je ne gagne plus d’argent alors c’est très difficile tous les jours. Du jour au lendemain, je n’avais plus rien. C’est très dur, je n’ai jamais connu une galère comme celle-là. (...)

Je passe mes journées à essayer de régler cette histoire. L’école m’a dit qu’ils allaient envoyer une lettre à la mairie et à la préfecture.

Je ne sais pas quoi faire. Je ne peux pas retourner en Guinée, il n’y a aucun avenir pour moi là-bas. Si je suis arrêté dans la rue, je risque d’être envoyé en centre de rétention administrative (CRA) et renvoyé dans mon pays.

J’ai peur mais je ne peux pas rester enfermé toute la journée.

Je ne comprends pas pourquoi on me traite ainsi. (...)