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Rue 89
Pas de répit dans l’exploitation des ouvriers du textile d’Asie
Article mis en ligne le 1er janvier 2014
dernière modification le 31 décembre 2013

Non, nous n’avons pas décidé de vous culpabiliser par rapport à ce jean ou ce pull « made in Bangladesh » ou Cambodge reçu à Noël. C’est juste que la question des conditions de travail de ceux qui fabriquent les objets de nos désirs reste au premier plan de l’actualité, même si celle-ci n’a que peu d’écho dans la presse et parmi les consommateurs.

Neuf mois après l’effondrement du Rana Plaza, cet immeuble vétuste qui abritait des ateliers textiles près de Dacca, au Bangladesh, les familles des 1 130 morts et les nombreux blessés attendent toujours d’être indemnisés. Et, du Cambodge au Vietnam, des grèves de plus en plus bruyantes appellent au changement dans les conditions de travail. (...)

Aujourd’hui, un jean sur dix dans le monde provient du seul Bangladesh. Frénétique, cette phase de croissance s’est faite au détriment d’une classe ouvrière surexploitée et peu considérée. La réalité des ateliers de confection n’est pas rose : c’est ce qu’illustre l’oubli dans lequel ont sombré les victimes du Rana Plaza. (...)

Walmart, Iconix, JC Penney, Dress Barn, Cato Fashions, Children’s Place... Le New York Times égrène la liste des grands groupes américains qui sous-traitaient dans le Rana Plaza et fait remarquer qu’aucun d’entre eux ne s’est engagé à dédommager les victimes, ou les familles des défunts.

Les entreprises françaises ne sont pas en reste. Les étiquettes des vêtements retrouvés dans les décombres de l’immeuble effondré montrent que les français Auchan, Carrefour, Camaïeu ou Teddy Smith recouraient aux ateliers de confection du Rana Plaza.

Embarrassés, ces quatre groupes ont adopté une communication de crise quasi similaire : après avoir feint la surprise, ils ont estimé que la présence d’étiquettes ne constituait pas de preuve suffisante et se sont enfermés dans le mutisme. (...)

Quelques semaines après le drame du Rana Plaza, les ONG et les syndicats ont impulsé un accord sur la sûreté dans les usines. Parmi les 31 signataires, Carrefour est le seul français.

Ce n’est pas la première fois que des entreprises françaises sont accusées de laxisme avec leurs sous-traitants textiles. (...)

Au Cambodge, une grève nationale a réuni le 27 décembre des dizaines de milliers d’ouvriers du textile qui exigeaient le doublement de leur salaire mensuel : 80 dollars (environ 110 euros) actuellement.

Ils ont dressé des barrages à Phnom Penh et exprimé leur colère devant le ministère du Travail. Un responsable gouvernemental leur a répondu qu’il serait impossible d’instituer un tel salaire minimum avant 2018, rapporte notre partenaire Global Voices. (...)

De crainte que ces mouvements de grosse ampleur n’entachent leur image, les maisons mères du prêt-à-porter réclament parfois aux pays dans lesquels ils sous-traitent d’augmenter le salaire minimum.

Il est rare que ces requêtes aboutissent pleinement (...)

Les responsables occidentaux liés aux unités de production du Rana Plaza se sont quant à eux évaporés dans la nature et ne seront sans doute jamais poursuivis. C’est le cas par exemple de l’espagnol David Mayor, explique le New York Times : propriétaire partiel de Phantom Tac qui occupait plusieurs étages du Rana Plaza, il y supervisait la production de vêtements pour Mango.