
Troisième jour un peu flottant au Bourget. Au programme : les négociations techniques sur la multitude d’options entre parenthèses qui jalonnent le brouillon d’accord de 57 pages. Mais les négociations patinent. Paraît que c’est normal : le texte est difficile à déblayer. Certains diplomates commencent néanmoins à laisser filtrer leur frustration. Des points de blocage, notamment sur la question cruciale des financements pour l’adaptation des pays en développement aux changements climatiques, se forment peu à peu. Compliqué.
De son côté, la coalition des pays vulnérables (« The Climate Vulnerable Forum ») commence à prendre de l’importance politique, même si son poids dans les négociations demeure encore trop faible. Dans cette partie à géométrie variable, ce sont eux, les vrais alliés du climat.
D’abord parce que dans leur déclaration de lundi, ils ont affirmé qu’ils se positionnaient officiellement pour que les mécanismes contenus dans l’accord permettent de décarboner complètement l’économie mondiale (...)
Ensuite parce qu’ils subissent directement les impacts déjà bien réels des changements climatiques. Ils sont les premiers concernés : ils devraient êtres les premiers écoutés. Question de survie pour un nombre grandissant d’être humains. (...)
Ce sont justement des jeunes habitants de ces pays blessés, comme le Maroc, les Philippines, les îles Kiribati, qui ont organisé la première action de cette COP21. Ils sont arrivés sur l’allée centrale parés d’un cercle sur le visage, entourant l’œil , pour symboliser leur demande de stopper définitivement toute émission de gaz à effet de serre d’ici à 2050. Ils étaient pleins d’énergie. Ils ont formé un petit cortège, conduit par des jeunes indigènes.
En réalité, ces pays vulnérables sont en train d’imprimer le tempo de la COP. Ils sont notre mauvaise conscience. Ils foulent aux pieds le cynisme des pollueurs. Ils apportent avec eux des solutions et une vision politique. Ils ont les mots qu’il faut suivre. Et dans la mesure où ils représentent maintenant un tiers des sièges à l’ONU, il sera bien difficile de faire croire à un accord universel s’ils s’y opposent. (...)
Bien entendu, toutes ces actions sont contrôlées par l’ONU. Très contrôlées, même. (...) seules les ONG sont autorisées à le faire, les délégations étatiques n’en ont pas le droit.
Et, cerise sur le gâteau : si quelqu’un se plaint ouvertement de l’action en cours, elle est stoppée sur le champ. C’est arrivé l’année dernière : une grande entreprise a fait taire une action de protestation. (...)
En parlant de démocratie, parlons de parité. Nous avons appris aujourd’hui que sur les 150 chefs d’Etat venus au Bourget, seules 11 étaient des femmes. Soit 7 %. Ça se passe de commentaires, mais ça en dit long sur l’état du monde et des progrès qu’il reste à faire. (...)