
Le 12 décembre dernier, en conclusion de la COP21, François Hollande déclarait que « la France mettrait tout en œuvre pour appliquer l’Accord de Paris ». Cet accord réaffirme que l’ensemble des Etats de la planète s’engagent à « contenir l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels ». Objectif suffisant pour invalider le projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes.
Pour le climat, ne plus construire d’infrastructures climaticides
Ce ne sont pas des militants pour la justice climatique qui l’affirment. Mais les chercheurs Steven Davis et Robert Socolow, de l’université de Princeton. Dans une étude publiée en août 2014, ils montrent comment les « engagements-carbone » – carbon commitments en anglais – des infrastructures existantes hypothèquent le déploiement de nouvelles infrastructures du même type.
Leur étude porte sur les centrales thermiques. En rapportant à une même date le total des émissions que les infrastructures existantes vont relâcher au cours de leur vie, les deux chercheurs montrent, sous un jour nouveau, comment les investissements actuels dans la construction de nouvelles centrales thermiques sont absolument insoutenables.
Menée sur les centrales thermiques, « l’analyse est similaire » dans le secteur des transports selon les auteurs. Il a été calculé que les « engagements-carbone » de nos économies sont tels qu’il faudrait cesser de construire de nouvelles infrastructures liées aux énergies fossiles à compter de 2018 : rester en deçà des 2°C implique de « stopper des infrastructures émettrices plus rapidement que celles qui sont construites » selon Davis et Socolow. (...)
Pour rester en deçà des 2°C de réchauffement climatique – ou mieux 1,5°C – énoncés par l’Accord de Paris, ne pas construire de nouvelles infrastructures climaticides devient un impératif. L’aéroport à Notre-Dame des Landes n’est pas un investissement d’avenir. C’est le projet-vestige d’une économie et d’une philosophie du siècle passé qu’il nous faut apprendre à dépasser.
Pour le climat, réduire les émissions (et le trafic) de l’aviation civile (...)
Pourtant, comme vient de le confirmer l’accord de Paris, le secteur de l’aviation civile est pour l’instant exempté de tout objectif de réduction d’émission de GES. Si rien n’est fait, les émissions du secteur pourraient être multipliées par trois dans les années à venir, selon l’Organisation de l’Aviation civile internationale (OACI). Parier sur l’augmentation du trafic aérien pour justifier la construction de nouveaux aéroports est proprement insoutenable. Inexcusable même.
Pour le climat, faire basculer les investissements dans la transition
La France compte plus d’aéroports que l’Allemagne et le Royaume-Uni réunis, soit un tiers du nombre d’aéroports régionaux de l’Europe entière. Difficile de justifier, même pour les promoteurs du trafic aérien, un équipement inadapté. (...)
A l’heure où les investissements dans la transition sont largement insuffisants – à peine un euro est investi dans les énergies renouvelables quand près de quatre le sont dans les énergies fossiles – abandonner un tel projet d’aéroport pourrait permettre de débloquer des financements importants pour financer de véritables politiques de transition énergétique.
Pour le climat, préserver les zones humides (...)
Si François Hollande et Laurent Fabius – qui se félicite d’être toujours le président des négociations climat jusqu’à novembre 2016 – sont sincères en matière de lutte contre les dérèglements climatiques, on ne voit pas bien comment ils pourraient ne pas abandonner ce projet suranné. (...)