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Respublica
Pour une réorientation stratégique de la gauche de gauche
Chronique d’Evariste
Article mis en ligne le 14 juin 2012
dernière modification le 13 juin 2012

Les citoyens français ont fourni par leur vote du premier tour des législatives du 10 juin 2012 un nouveau message. Il vient renforcer ceux, toujours valables, donnés lors des deux tours de l’élection présidentielle d’avril-mai 2012.1

(...) la question politique centrale va devenir très vite de savoir si ce gouvernement sera capable de tenir la barre dans le cyclone de la zone euro qui s’annonce. Car comme le dit Eric Toussaint, « le cyclone poursuit sa route dévastatrice ». (...)

il ne suffit pas que la gauche gagne les élections (même si nous souhaitons la victoire de la gauche le 17 juin en France, faut-il le rappeler !), il faut rompre avec les politiques antisociales et austéritaires en Europe, ces politiques antidémocratiques et césaristes, ces politiques d’alliances internationales antilaïques et de soutien aux intégrismes religieux.
Tout va se jouer très vite. Le 17 juin, nous verrons si le peuple grec donne le bonus électoral des 50 députés supplémentaires à Syriza - gauche anti-austéritaire grecque s’opposant au bloc néolibéral formé par la Nouvelle démocratie (droite néolibérale) et le Pasok (gauche néolibérale) - puis ce qui se passera au Sommet européen de la fin juin. (...)

Car la triple crise économique, financière et de la dette publique est en développement exponentiel et les rebouteux néolibéraux de droite comme de gauche ne font que courir après elle. Ces derniers organisent en spirale une succession de coups d’Etat contre la démocratie et la souveraineté populaire.
(...)

Il est important de dire ici que la nouvelle étape espagnole de la crise n’est en rien due à une dette publique provoquée par un Etat qui dépense trop, mais bien au transfert des dettes privées des banques à but lucratif pour leurs actionnaires vers la dette publique.
(...)

Une seule solution pour protéger l’épargne populaire des actifs toxiques - qui arrivent à échéance au fur et à mesure mais à flots continus - et financer l’économie réelle : il faut, entre autres, exproprier (sans indemnités pour les grands actionnaires mais en indemnisant tous les petits actionnaires) les banques privées à but lucratif pour les actionnaires et les transférer au secteur public sous contrôle citoyen. Et cet impératif va bien plus loin qu’un pôle public financier !
Est-ce que cela sera la position de François Hollande au sommet européen de la fin juin ? Nous le souhaitons mais admettez que nous pouvons nous interroger !
(...)

Les institutions de la Ve république vont araser la représentation légitime du Front de gauche qui a fait plus de 11 % à l’élection présidentielle et qui sera très loin de la soixantaine de députés qui représenterait ce pourcentage. Mais l’autre raison de la faible représentation du Front de gauche dans la prochaine assemblée nationale est la faible intégration tant des centaines de candidats du Front de gauche que des partis constitutifs du Front de gauche dans la proximité populaire. (...)

L’ancrage du Front de gauche est donc insuffisant par rapport à celui du Front national, et on voit que les bastions municipaux du PCF n’ont pas eu l’influence attendue. Voilà qui devrait faire réfléchir ceux qui ont pour seul horizon les municipales de 2014 !…
Il y a deux attitudes face à cette situation : soit arrêter la politique de rupture envers le néolibéralisme et rejoindre EELV, le PRG et le MRC et devenir un nouveau satellite du système PS, soit réorienter la stratégie du Front de gauche. Car c’est bien la stratégie qu’il faut réorienter et non pas la ligne politique sur le fond.
Cette réorientation stratégique appelle à définir l’éducation populaire comme priorité de la période avec comme objectif d’ancrer des centaines de candidats potentiels et des milliers de militants dans les couches populaires (53 % de la population) et les couches moyennes intermédiaires (24 % de la population). La gauche de gauche n’est plus crédible si elle pense qu’elle peut marquer sa différence sur le fond des sujets traités sans également repenser sa stratégie et donc la façon dont elle intervient. La priorité n’est pas de convaincre le gouvernement et ses clubs (Terra Nova ou similaires) d’idées meilleures. Il faut armer politiquement le peuple et donc commencer par s’armer soi-même. (...)

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