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If the river was whiskey
Pourquoi j’oserai Mélenchon l’explorateur
Article mis en ligne le 2 décembre 2016

Quand on m’a demandé pour la première fois si je voterais un jour Mélenchon, j’ai répondu un lapidaire : « Non. Trop violent. » Jeune adulte, j’étais alors abstentionniste depuis quelques années et me désintéressais totalement de la politique après une adolescence pourtant très engagée. De Mélenchon, je ne connaissais que l’image que voulaient bien en donner une poignée d’inamovibles éditorialistes. Et puis, un peu par hasard, je suis tombé sur l’une de ses longues interviews. Je ne veux pas rentrer ici dans des détails d’ordre programmatique, mais je peux vous dire que j’ai commencé à creuser. Et que, petit à petit, à force de réflexion sur des sujets dont j’ignorais à peu près tout – l’écosocialisme et la 6è République notamment –, j’ai été convaincu.

Mélenchon et son équipe ont, me semble-t-il, dessiné un triptyque qui, à l’heure où les politiciens se mêlent surtout de tenues de bain et de oh-mon-dieu-la-dette-la-dette- !, sort assez lumineusement du lot. On pourrait baptiser ce triptyque « République sociale, écologique et citoyenne ». L’ordre des mots importe en fait peu, puisque nous n’avons pas affaire à un empilement de mesures, une énumération décroissante de priorités, mais à un projet global, un tout bien emboité. Par exemple, quand Mélenchon parle de la souffrance animale et de l’agriculture paysanne, cela concerne aussi le bien-vivre, la souveraineté du citoyen sur son assiette, la santé, la philosophie et l’économie. Notre avenir dépend de celui des vaches, des lapins, des poissons, des champs, de l’air, des océans. Quand Mélenchon parle de partage des richesses, ce n’est pas sous l’angle de la vengeance de classe, mais plutôt pour rappeler les pauvres – dont je suis – à leur citoyenneté, et les riches à leur humaine humilité. Je vais essayer de m’expliquer.

La scène se passe peu après ma découverte de Mélenchon. Un matin, une caissière du supermarché du coin, payée au SMIC, m’inflige une insupportable logorrhée à propos de chômeurs fainéants et autres assistés parasitaires. Elle ignore que je suis moi-même sans emploi. Je me demande alors, serrant les dents, pourquoi cette dame payée au lance-pierres, au contrat probablement précaire, s’en prend aussi violemment à plus pauvres qu’elle. La réponse n’est pas bien loin : je la trouve chez le marchand de journaux du coin. Depuis des années, les politiques de droite comme de gôche (comprenez : le PS) s’escriment à dresser les pauvres les uns contre les autres, usant d’un « racisme » social aussi véhément que stupide. La solution à cette division passe aussi par une carte d’électeur. Pourquoi aller voter pour des gens qui nous divisent pour mieux régner ? Pourquoi regarder dans l’assiette du voisin quand, à quelques kilomètres de là, des millionnaires se prélassent au Palais ? J’ai beau être pauvre, je suis citoyen, ce qui signifie que je peux voir les choses en grand, moi aussi. Et pas pour souhaiter me prélasser dans un château, mais pour les changer, les choses.

Les « coups de colère » (selon la formule consacrée) de Mélenchon, on les connaît. Je les crois assez souvent salutaires. (...)

J’évoquerai une anecdote pour finir. Je me trouvais, le 28 août dernier, au Pique-Nique de la France Insoumise à Toulouse. Il ne s’agissait pas d’un meeting où l’on vient entendre la bonne parole, mais bien d’un pique-nique, convivial et à la bonne franquette, avec un discours au dessert. Là où les meetings formatés peuvent repousser les non-adhérents, j’y ai vu beaucoup de jeunes venir s’assoir dans l’herbe, par curiosité. Ce pique-nique n’était autre que la meilleure idée de la rentrée politique 2016. N’est-ce pas tout de même prometteur ?

Osons, tentons.