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Premier boulot, premier burn-out
Article mis en ligne le 2 août 2018
dernière modification le 1er août 2018

Ces jeunes hommes et femmes viennent d’entrer sur le marché du travail, et déjà ils et elles craquent. Zoom sur un phénomène qui ne touche pas que les cadres.

La France est en vacances, et qui fait tourner l’économie ? Les jeunes. En stage, en CDD, en alternance, ils économisent pour leurs études, ajoutent des lignes à leur CV, accumulent les emplois pour s’en sortir. Pendant que les « seniors » se reposent, des « juniors » s’épuisent au travail, et comme leurs aînés et aînées, ils et elles foncent vers le burn-out.

Un appel sur les réseaux sociaux, et en vingt-quatre heures à peine, une trentaine de témoignages afflue. « Bonjour, j’ai 26 ans, et je suis passé très près du burn-out l’été dernier. » « Bonjour, j’ai fait un burn-out à 23 ans au sein de l’Éducation nationale. » « Bonjour, j’ai fait un burn-out il y a deux ans et demi. J’avais 25 ans. »

Un jeune sur dix déjà vidé par le travail

Le phénomène est difficile à saisir. Aucune statistique n’existe sur le surmenage des jeunes. C’est un problème de définition. Le syndrome d’épuisement professionnel n’en accepte aucune qui soit définitive, même aujourd’hui. De fait, la psycho-traumatologue Evelyne Josse explique que le burn-out s’appréhende avant tout comme « un ensemble de symptômes ». Parmi ceux-ci, une exténuation générale, physique, psychique et émotionnelle due au trop-plein de travail ou à d’autres facteurs professionnels. (...)

D’après une étude du cabinet Technologia datée de 2014, 16% des 15-29 ans présentent au moins un symptôme d’épuisement professionnel. 64% des 18-34 ans affirment être stressés ou stressées au travail. 12% des 18-34 disent, déjà, se sentir vidés ou vidées affectivement par leur travail. (...)

« Je suis allé voir des psychologues. Ils ont tout de suite voulu me donner des cachets, antidépresseurs et anxiolytiques... ça m’a fait un déclic »(...)

Harcèlement et imposture

Pour Marie*, il n’y a pas eu de surcharge de travail, au contraire. Pour son premier CDI, la chargée de communication dans un grand groupe de l’énergie a pris goût à ses missions. Mais voilà, son responsable a profité de son jeune âge « pour charger la mule ». « Il m’a mis sous pression, raconte-t-elle. Il m’a fait comprendre qu’il était normal qu’à mon âge et qu’étant célibataire, je passe mes journées et mes nuits au travail. » (...)

ces jeunes dépassent la phase de stress propre à tout début de carrière sans percevoir les signaux avant-coureurs du surmenage.

Perte de confiance en soi, désintérêt pour le travail, fatigue permanente… Les professionnels et profesionnelles désignent ce cercle vicieux sous le terme de « burn-in ». Une phase de dépression générale qui conduit au burn-out si elle n’est pas prise en charge à temps. (...)

Les jeunes ne sont pas non plus aidés ou aidées par leur hygiène de vie, complète Evelyne Josse. La psychologue pointe « l’alimentation peu équilibrée ou le manque de repos ». D’autant que les nouvelles et nouveaux entrants sur le marché du travail pâtissent des difficultés économiques propres à ce moment de la vie. Autonomes, sans matelas financier, les plus jeunes s’endettent aussi, parfois, pour payer leurs études. Une étude de la Croix-Rouge de mai 2017 précise qu’un ou une étudiante sur trois de moins de 25 ans vivrait sous le seuil de pauvreté. Autant de facteurs de stress qui pèsent sur leur vie professionnelle et entretiennent le « burn-in ». (...)

En dehors du travail, l’association France Burn-out propose une aide en ligne. Enfin, les collègues, la famille, les amis et amies… Car s’il peut être délicat de leur faire part de cette souffrance, ils et elles peuvent apporter une première écoute et aider à prendre du recul.