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Premières mesures anticapitalistes
Article mis en ligne le 13 juillet 2020
dernière modification le 12 juillet 2020

Dans un magnifique texte publié sur son blog, Frédéric Lordon énonçait le 7 avril dernier les orientations pour le monde d’après. Le texte est au présent, on s’y croit déjà : "la vie commune doit être refaite de fond en comble", et le philosophe-économiste nous en décrit les grands principes, en quelques énoncés brefs, et bouleversants tant ils sont émancipateurs. Puisque, comme il le rappelle, "on ne va nulle part sans s’être fait avant une idée de la destination", il fallait commencer par ces "Orientations" qui donnent le cap. Reste que, comme il l’écrit par ailleurs, pour parvenir à cette refondation, "ce qu’il s’agit d’envisager est de l’ordre d’un renversement, et qu’il n’y a pas d’action de renversement sans une organisation de renversement".

C’est là que ça coince : l’organisation du renversement. Comment on fait ? Alors que les crises sanitaire, écologique, sociale, économique, sont en train de s’amplifier mutuellement dans un maelstrom infernal, que la gouvernance néolibérale, autoritaire et inconséquente, maintient le cap vers le désastre avec un entêtement quasi-psychotique, les forces susceptibles de porter l’alternative paraissent atomisées et tétanisées, comme si l’urgence qui la rend plus impérieuse que jamais annihilait paradoxalement ses conditions de possibilité. C’est que plusieurs décennies de défaite des luttes sociales, elles-mêmes posées sur l’échec des expériences révolutionnaires du XXème siècle, ont laissé notre "camp" - celui de l’alternative post-capitaliste - complètement désarmé. (...)

analyser nos défaites passées, diagnostiquer nos carences présentes, œuvrer à y remédier en forgeant les outils nécessaires pour renouer avec la puissance, l’efficacité, et la victoire. Grands mots, oui, pour de grandes ambitions - mais entre ça et périr complètement, ce n’est pas comme si nous avions le choix.

Stathis Kouvélakis, fort d’une longue et intense expérience militante (notamment en Grèce où les tempêtes politiques ont été singulièrement vigoureuses), jointe à une production théorique de haut vol, est ici un précieux expert, capable d’éclairer le débat stratégique avec une rigueur intraitable.

Le principe de cet échange entre ces deux intellectuels engagés était donc posé : discuter stratégie, avec exigence et lucidité. Bien sûr, on n’aura pas été complètement exhaustif, et on n’en sort pas tout à fait avec un mode d’emploi prêt pour demain matin, ni même pour après-demain soir ("le Grand") ; mais le champ est, me semble-t-il, très nettement balisé, et nous permet d’y voir clair sur les tâches urgentes et les médiations à mettre en œuvre. Et puis il y a ceci, qu’on n’avait pas forcément programmé : le plaisir, qui vient par surcroît, de conjuguer ces deux pensées particulièrement disposées à dialoguer ensemble. (...)

la joie est dans la lutte. Et elle commence dès lors qu’on entreprend de l’organiser.