
Oui, un parti fasciste qui fait près de 25%, un quart des voix exprimées, c’est grave. Même sur la moitié du corps électoral. Et non, ça ne sert à rien d’en rendre responsables celles et ceux qui se sont abstenu·es ou qui ont exprimé leur refus de vote par un bulletin blanc ou nul. L’urgence est plutôt de s’atteler à reconstruire des solidarités collectives, tangibles, concrètes et immédiates.
(...) contexte réactionnaire entretenu par des politiques autoritaires, racistes, islamophobes depuis des dizaines d’années. À quelques jours du scrutin la décision de sénateurs, majoritairement des hommes blancs de plus de 50 ans, d’interdire les mamans voilées de sortie scolaire en est le dernier avatar.
Alors où sont-elles les « responsabilités » ?
Si l’on parle de celles qui nous conduisent à la catastrophe et à la barbarie : les différents gouvernements, qu’ils soient « socialiste », de droite ou « en marche », n’ont pas démérité pour en paver la voie.
Et si l’on parle de celles que nous devons prendre pour tout faire, pour tout tenter, afin que l’égalité et l’émancipation soient au rendez-vous dans les années à venir : alors nous n’avons vraisemblablement pas à nous égarer dans la recherche éperdue d’un bien hypothétique « sursaut nécessaire » à gauche. Bon courage d’ailleurs vu le cirque des égos et les quêtes d’hégémonies.
Notre responsabilité c’est de construire des solidarités tangibles, concrètes, immédiates sur les lieux de travail, dans nos quartiers, nos villes, nos villages. Et ça, ça passe par toujours plus d’auto-organisation de terrain, ça passe par des outils, des syndicats, des associations.
Des outils collectifs ancrés dans des réalités sociales et pris en charge par les premiers et premières concernées. Pour donner confiance dans des engagements qui ne soient ni de papier ni réductibles à l’isoloir.
C’est dans l’intervention directe, régulière et quotidienne des exploité·es et des opprimé·es que se construira une capacité politique nouvelle, à même de changer la société. (...)
Parce qu’il ne faut pas minorer l’effet qu’a la progression électorale des partis fascistes : à chaque fois ça ne fait que donner encore un peu plus l’impression aux franges les plus radicales de l’extrême droite, néo-nazies et identitaires, qu’elles ont les coudées franches. Ce qui se traduit par de la violence de rue, des opérations commandos, contre des militant·es, contre des migrant·es.
Dans toutes nos luttes, dans toutes nos résistances, ce sont bien un antifascisme et un antiracisme résolument social qui doivent s’incarner. Qui ne se cantonnent pas aux bons sentiments et aux belles paroles. Mais qui s’appuient sur des contre-pouvoirs solidaires, vivants, qui soudent et – là encore – donnent confiance au delà de nos rangs, au-delà des appareils et des boutiques.
Parce que l’heure est grave et qu’il va falloir se défendre et résister ensemble.