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Près de Paris, la ZAD Patates se bat contre l’urbanisation de la dernière plaine
Article mis en ligne le 12 octobre 2013
dernière modification le 8 octobre 2013

Une "Zad patates" s’est installée dans les Yvelines pour lutter contre l’urbanisation de la Plaine de Montesson. Les habitants occupent un lopin de terre que les bétonneurs menacent d’une voie départementale, d’une extension de zone commerciale, d’une bretelle d’autoroute et de lotissements… Dans cette plaine sans cesse grignotée par la ville poussent un tiers des salades consommées en région parisienne.

C’est ce qu’on peut appeler une friche résiduelle. Un espace laissé pour compte, coincé entre une voie de circulation et le parking d’une grosse enseigne vestimentaire. De l’autre côté de la route, un autre parking, une autre enseigne, l’hypermarché Carrefour de Montesson, monstre de dix-huit milles mètres carrés. Et pour parfaire le cadre, une station-service, laissée à l’abandon.

« Là, on a voulu expérimenter le trio amérindien, c’est une technique ancestrale qui repose sur la culture de trois plantes complémentaires », explique une jardinière paysagiste, qui tient à se faire appeler « Camille ». Plus qu’un pseudonyme, c’est une signature. Camille, c’est d’abord le prénom générique d’une lutte, initiée, à vol d’oiseau, à 340 kilomètres de là. Et l’utiliser, c’est une façon de décliner son identité zadiste et de signifier son affiliation à Notre-Dame-des-Landes.

Une leçon de botanique s’improvise, où l’on apprend que les tiges de maïs servent de tuteurs aux haricots, qui enrichissent le sol en azote, tandis que le feuillage de la courge permet de conserver une certaine humidité à la surface de la terre. Mais la leçon principale de ce potager, sorti de terre en avril dernier, c’est d’abord qu’un espace naturel inutilisé, quel qu’il soit, n’est jamais perdu. (...)

C’est un petit groupe de quatre personnes « moitié EELV, moitié rien du tout » qui a donné l’impulsion au printemps dernier. « C’est évident que ce qui se joue à Notre-Dame-des-Landes nous a incités à passer à l’action », confie Camille. Ils viennent des communes alentours, de Paris et d’ailleurs et ils ont décidé qu’après tout, l’avenir de cette plaine les concernait, comme ils se sentaient concernés par le dossier aéroport. Ils ont planté leurs patates en guise de ligne de défense sans savoir très bien au départ d’où viendrait la menace. (...)

Ces militants sont peut-être arrivés sur le tard, mais ils sont persuadés d’avoir encore des raisons d’y croire. « Tant que les parcelles ne seront pas bétonnées, la partie n’est pas perdue. On sait aujourd’hui qu’il est plus important pour l’humanité de préserver des surfaces naturelles et agricoles que de les détruire au profit de surfaces commerciales inutiles, qui mettent en péril le commerce de proximité pour des logements qu’on devrait être capable de reconstruire par densification du tissu urbain existant ».

Leur priorité c’est que ce projet de ZAC ne soit pas déclaré d’utilité publique.

C’est en ce sens qu’ils ont envoyé fin août un courrier au Préfet pour souligner les incohérences, les manquements et les dysfonctionnements qu’ils ont relevés. « On demande aussi un moratoire sur le projet de déviation. Cette route est une aberration, un appel à l’utilisation de la voiture, à l’heure où on est censé diminuer la consommation de pétrole et diviser par quatre le trafic routier », résume un militant. (...)