
Au neuvième jour du plus grand mouvement de blocage des prisons depuis vingt-cinq ans, les syndicats de surveillants continuaient mardi à mettre la pression sur la garde des Sceaux, avec laquelle ils doivent de nouveau négocier dans la journée.
"Puisque la ministre a souhaité la reprise des négociations, nous voulons savoir dès le début de la rencontre cet après-midi quelle enveloppe pour les indemnités, quels d’emplois et quelles grandes pistes pour la sécurité des personnels elle est prête à mettre sur la table", a expliqué à l’AFP Jean-François Forget, secrétaire général de l’Ufap-Unsa Justice, menaçant de ne pas aller plus loin si la garde des Sceaux arrivait les mains vides.
"Si le compte y est, je propose qu’on négocie non-stop jusqu’à la conclusion d’un accord car il faut éviter que le conflit s’enlise. Sinon cela va mal finir", a-t-il prévenu.
Les mobilisations ont repris dès le début de la matinée, de la région parisienne (Poissy, Bois d’Arcy, Nanterre, Versailles) au sud-est (Marseille, Tarascon, Grasse, Béziers) en passant par l’ouest (Nantes, Rennes, Le Havre, Rouen, Brest...), le centre (Saint-Maur, Châteauroux, Bourges et Saran) et le sud-ouest (Gradignan et Bayonne), selon des sources syndicales et correspondants de l’AFP.
Mardi peu avant 10H00, les surveillants refusaient de prendre leur service dans 14 établissements tandis que des barrages bloquaient l’entrée des personnels dans 34 prisons. Des actions ont par ailleurs été menées dans 64 autres établissements sans toutefois avoir d’effet sur la gestion des détenus, selon un décompte de la Direction de l’administration pénitentiaire (DAP).
La DAP a mis en place depuis dimanche une cellule spéciale chargée d’évaluer heure par heure la situation dans les 188 prisons françaises et d’anticiper les questions de sécurité et de prise en charge des détenus. Mardi matin, huit escadrons de gendarmes mobiles (640 hommes) ont été mobilisés pour remplacer certains surveillants ou encadrer les manifestations.
Dans certains établissements, la supression des promenages ou des parloirs par manque d’effectifs a provoqué des mouvements d’humeur de détenus.
Au centre de détention d’Uzerche (Corrèze), une vingtaine ont exprimé leur ras le bol par un sit-in dans un bureau dédié aux agents pénitentiaires. Le directeur interrégional de l’AP et une dizaine d’équipes chargées de la sécurité dans les prisons se sont rendus sur place mais les détenus ont finalement regagné leur cellule en fin de matinée sans violence. Au centre de Lille Annoeullin, des détenus ont refusé un temps de regagner leurs cellule après une promenade, a indiqué la DAP.
"difficulté du métier"
Les 28.000 gardiens de prison jugent leur profession dangereuse, mal payée et mal considérée alors que les prisons souffrent d’une surpopulation chronique. (...)