
Un scandale, un complot, la preuve d’une justice gangrenée par le “gauchisme culturel”… Sur BFM TV, CNews et LCI, tous les éditorialistes défendent la cause de Nicolas Sarkozy, le martyr du procès Bismuth. Quant au match de foot arrêté par les joueurs, il a prouvé que les véritables racistes sont les racisés.
« C’est un réquisitoire sévère contre Nicolas Sarkozy ? », demande Alain Marschall mardi dernier. « Oui, c’est un réquisitoire sévère, approuve Christophe Barbier. Mais qui signe aussi la fébrilité de la justice. » C’est un aveu de culpabilité (des juges). « Les magistrats font corps contre Nicolas Sarkozy. » Ils vont en faire un martyr. « La réalisation des écoutes, ça n’est pas normal. Il n’a pas été traité comme un citoyen comme les autres. » Pauvre Sarkozy, victime d’acharnement alors que les délinquants jugés en comparution immédiate bénéficient d’instructions minutieuses et de réquisitoires magnanimes. « La justice s’est accrochée au-delà du raisonnable. » Il faudrait juger la justice. BFM TV s’y emploie. (...)
Pour nuancer la prise de position de son éditorialiste, Alain Marschall donne la parole en visioconférence à « Thierry Saussez, communicant, ami de Nicolas Sarkozy. Est-ce que vous êtes choqué par cette réquisition, ces deux ans de prison ferme ? » « Je suis absolument stupéfait. D’ailleurs… » « Ah, mince ! Ça a coupé, dommage. » Pas grave, Christophe Barbier est là pour rappeler la brillante intervention de l’ancien président la veille : « Nicolas Sarkozy a marqué des points. » En effet, a-t-il plaidé, « ma vie, c’est de donner un coup de pouce. Parce que ma vie, c’est quarante ans de politique. Ce n’est que ça, des coups de pouce ». Se vanter d’une vie de clientélisme, voilà une défense originale. Pour Christophe Barbier, « ce réquisitoire excessif joue plutôt pour lui ». Les juges vont le prendre en pitié — comme Christophe Barbier. « On est bien dans un malaise de la justice. » En revanche, pas de malaise sur BFM TV. Voilà Thierry Saussez de retour pour dénoncer « le résultat d’une longue traque, depuis l’affaire Clearstream, l’affaire Bettencourt… » « Donc ça veut dire que la justice veut se payer Sarko », tranche Alain Marschall.
Une demi-heure plus tard, Alain Duhamel répond à la question du présentateur : « Réquisitoire sévère selon vous ? » « Ah oui. Il s’agit d’une affaire d’agendas ! » Une broutille. Qui n’utilise pas d’agendas ? « Des agendas qu’il possédait pendant qu’il était président de la République. Déjà, le fait qu’on les saisisse est contraire à la Constitution. » La Cour de cassation a jugé le contraire. Mais ses magistrats ne possèdent pas la maîtrise du droit dont se prévaut Alain Duhamel. « On est à la limite du détournement de procédure. » D’un coup d’État fomenté par les juges.
Alain Marschall rebondit : « Selon vous, c’est une justice politique qui veut se payer un ancien président, de droite qui plus est ? » Si au moins il était de gauche, ce serait pardonnable.
Au même moment, sur CNews, Pascal Praud complète la question rituelle d’Alain Marschall : « Est-ce que ce réquisitoire vous paraît sévère tel qu’il nous apparaît à nous également ? » « À travers le procès de Nicolas Sarkozy, répond Ivan Rioufol, c’est le procès du parquet national financier. » Ses juges vont finir en taule. (...)
« Les juges du parquet national financier sont face à des juges. » Oui, en général, les procureurs sont face à des juges. « Les juges sont juges et parties. » Horreur, les juges jugent. « On voit bien qu’il y a eu un acharnement politique contre un homme politique. » (...)
Pascal Praud abonde dans ce sens : « Y a peu d’éléments matériels et on arrive à un réquisitoire infamant. » A un crime de lèse-majesté. L’animateur sollicite « Nathalie Krikorian-Duronsoy, vous êtes philosophe et on en a besoin par ces temps durs ». « Y a un véritable acharnement depuis le début, estime l’invitée. C’est un procès politique. » Il fallait une philosophe pour opérer un tel renouvellement de la pensée. (...)
Hubert Coudurier : « Toute l’accusation est basée sur des écoutes illégales. » « Non, pas illégales, malheureusement, se désole Olivier Duhamel. Elles sont scandaleuses, elles devraient être illégales mais elles le sont pas. » Il faut nommer aussi Olivier Duhamel à la Cour de cassation. (...)
Nadine Morano analyse : « Ça a été une erreur de laisser entrer le syndicalisme au sein de la magistrature. » Syndicats caca. Éric Brunet témoigne : « Il y a des magistrats qui se lèvent le matin en disant “Celui-là, je l’accrocherais bien à mon tableau de chasse”. J’en suis convaincu mais je n’ai pas de preuves. » S’il fallait des preuves pour étayer ses opinions, l’animateur serait au chômage. (...)
L’autre sujet de débat, ce mercredi, c’est l’interruption du match PSG/Basaksehir par les joueurs après qu’un arbitre a désigné comme « le Noir » un entraîneur du club turc. Pour Alexandre Devecchio, du Figaro, invité de Marie-Aline Méliyi sur LCI, « quand Noël Le Graët [le président de la Fédération, ndlr] dit que le racisme n’existe pas dans le foot, je crois qu’il pense plutôt à la France. On a des équipes de France très mélangées, même dans les tribunes, y a très peu de cas choquants ». S’il existait des Français racistes, ça se saurait. « Par contre c’est vrai qu’en Italie il y a eu des cris de singe. » Les racistes, c’est les étrangers. « Là, on n’est pas dans ce cas. Ce qu’a dit l’arbitre roumain, c’est pas très élégant mais la police du langage, c’est pas la meilleure chose pour combattre le racisme. » Le langage de vérité d’Éric Zemmour est autrement efficace que le politiquement correct des bien-pensants. « Il faut faire la différence entre un racisme manifeste et un langage qui n’est pas policé dans un stade où ça va vite, où on parle de manière pas polie de manière générale. » S’il l’on y entend des insultes homophobes, il n’y a pas raison d’en proscrire les propos racistes. « Il faudrait plutôt faire la police du langage dans certaines universités, à Sciences Po, où certains professeurs catégorisent les gens, parlent de privilège blanc. » Les racistes sont les antiracistes.
Pendant ce temps, sur CNews, Pascal Praud convie une autre spécialiste de l’antiracisme à commenter l’affaire : Marion Maréchal. Pardonnez ma lâcheté, je fais une croix sur mon sacerdoce et renonce à la regarder. Je ne perds pas grand-chose : le soir, BFM TV a invité Geoffroy Lejeune, de Valeurs actuelles. « C’est une mascarade, l’indignation est complètement surjouée de la part de gens qui sont assez peu recommandables. » Comme par hasard, des Noirs pour la plupart. C’est vous dire s’ils sont peu recommandables. (...)
c’est Nadine Morano qui, en deux phrases dénuées de tout cliché, produit la meilleure réponse aux racialistes indigénistes : « Ma meilleure amie est noire. En France, on peut plus rien dire. » Même pas que les racisés sont racistes ni que Sarkozy est victime d’un complot des juges.