
la Journée internationale du DP-Day (Data Privacy Day) met en lumière une réalité convenue sans pour autant être totalement assimilée par le commun des mortels. Le numérique a conquis notre ère et réinventé nos sociétés. Il a investi, petit à petit, tous les domaines de notre vie quotidienne. Cette omniprésence incarnée en premier lieu par les technologies de l’information et de communication (TIC), a également contribué à la globalisation, aussi bien dans les secteurs publics que privés, des pratiques de prélèvement et d’utilisation des données privées, ainsi que des traces liées aux individus.
Ainsi, aux innombrables bienfaits des TIC, s’oppose, à présent, le défi de la protection de la vie privée et notamment des données personnelles. En témoignent les révélations de l’affaire qui a secoué l’Amérique, dite Cambridge Analytica, du nom d’une entreprise qui aurait eu accès aux données de 87 millions d’utilisateurs de Facebook non informés. Ou encore, la Russie qui a récemment lancé des procédures administratives à l’encontre de Facebook et Twitter, leur reprochant de ne pas avoir expliqué quand et comment ils allaient se conformer à la législation et à l’obligation de stockage des données des utilisateurs russes sur des serveurs basés en Russie.
Dans nos contrées, on n’échappe pas non plus aux défis de la protection de la vie privée et des données personnelles. Bien qu’il passe inaperçu aux yeux de l’opinion publique, ce phénomène inquiète de plus en plus, en dépit des principes essentiels imposés par la loi 09-08. Promulguée par Dahir le 18 février 2009, elle est censée symboliser l’instrument juridique pour protéger les données personnelles à la fois dans un cadre privé et public. Mais les principes essentiels imposés par la loi sont-ils respectés ? Rien n’est moins sûr.
Un secteur privé quasi-hors la loi
Grand pourvoyeur de data, l’axe Casa-Rabat est un creuset de multiples manquements à ladite loi. (...)
Une culture à parfaire
Bien que dans un rapport d’activités, datant de 2016, la CNDP se réjouit d’une hausse des plaintes reçues, passant de sept en 2012 à 584, quatre ans plus tard, ainsi qu’une culture de la protection de la vie privée s’étendant à de nouvelles régions autre l’axe Casablanca-Rabat, comme Fès, Sefrou ou plus étonnant encore Dakhla, force est de constater, toutes proportions gardées évidemment, que nous sommes encore loin des 7 703 plaintes recensées, la même année, par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (équivalent du CNDP en France). Ou encore, des 1000 notifications de violation de données, soit environ 7 par jour, depuis le 25 mai dernier.
En somme, l’axe de progression s’impose de lui-même. A savoir répondre à deux défis majeurs : faire de la protection des données personnelles une culture citoyenne. Sans oublier le big data. Vous l’aurez certainement deviné, ce terme générique désignant le volume exceptionnel de données produites sur Internet est aussi à l’origine d’une des grandes problématiques de ce (début de) siècle : la confidentialité et le respect de la vie privée. Comme vous allez le constater en lisant l’interview ci-contre, ces défis sont loin d’être insurmontables, à condition que tous les acteurs œuvrent en harmonie et dans le même sens.