Que peut-il se passer à l’intérieur du crâne de quelqu’un qui décide de frotter une allumette ?

L’envie de voir un commissariat, une école flamber pour cautériser des plaies sociétales profondes ?

Le désir du défi - à chaque année nouvelle - d’incendier des bagnoles, histoire de se réchauffer un peu sur fond d’apocalypse récurrente ?

Le plaisir de voir crépiter, d’allumer des brasiers au fond d’une poubelle pour mieux cracher sur le monde ?

Que peut-il se passer ?

Djamal Chaab avait 43 ans.

Chômeur en fin de droit, sanctionné pour avoir effectué du travail au noir, il a décidé lui aussi de craquer une allumette le 9 février dernier.

Décrit comme un homme droit, Djamal ne savait plus que faire de la violence de cette société qui l’avait acculé au désespoir, sans aucune issue de secours.

Il a craqué donc, cette allumette de malheur qui ne mit même pas le feu aux poudres : une star du foot, des lasagnes frelatées, divers faits divers ont relayé aux abîmes ce geste qui nous amertume et nous enrage !

Retournant la violence du monde contre lui, Djamal est parti en fumée, presque en catimini, emportant pour un temps nos élans de vie, nos velléités de bonheur et d’évolution.

Tout ça à cause de l’argent ou plutôt du manque d’argent tandis que s’exilent à grand bruit ceux qui ne veulent pas mettre au pot commun les millions sur lesquels ils dorment.

Tout ceci est si « inquiétamment » absurde !

Pour l’instant, Djamal, ton sacrifice n’aura servi à rien.

Redoutant l’incendie, nous te regardons de loin te dissoudre et disparaître tandis que nos peurs nous nouent et que nos quotidiens nous avalent.

Un jour, il faudra bien portant que tout cela s’embrase ! Et que des braseros réchauffent nos espoirs frileux !

Ce jour-là, Djamal, de ta lumière triste nous ferons un feu de joie !

A tes proches notre soutien,

A vos toutes et tous, du courage, de la rage et de l’Amour !

A vos côtés,