
L’urgence sociale est en crise. Les fermetures de centre d’hébergement d’urgence se multiplient. Face à un État qui se déclare en faillite, les acteurs de l’aide sociale craignent que leur secteur ne soit livré au privé. Premières victimes : les travailleurs pauvres, les bénéficiaires du RSA ou les réfugiés, dont on connaît la lourde responsabilité dans la crise financière... Enquête à Toulouse.
Les SDF et autres habitués du bitume ne sont plus les seuls à goûter aux joies du campement urbain. Au 115, le numéro d’urgence du Samu Social, à Toulouse, on note 120 refus d’hébergement par jour. « C’est du jamais vu, c’est un record », observe Anabelle, porte-parole du Groupement pour la défense du travail social (GPS).(...)
Comment expliquer un tel délitement ? La précarisation des salariés, la hausse des prix des loyers, le durcissement de la politique d’immigration, les difficultés d’accès aux logements sociaux et bien sûr la crise économique, qui n’a pas arrangé les choses. Mais si la situation se dégrade et que la précarité est toujours plus visible, « c’est surtout parce que les moyens de l’État diminuent », analyse Geneviève Genève, du collectif Inter-associatif.(...)
En attendant les centres d’hébergement sponsorisés par des multinationales ou des PME locales, les places d’hébergement se font rares.(...)
Malgré cette situation critique, le Groupement pour la défense du travail social et ses sympathisants poursuivent leur mobilisation. La préfecture a été déboutée de sa demande d’évacuation le 10 mai par le tribunal administratif. Elle a renoncé à faire évacuer le bâtiment réquisitionné dans la rue Goudouli. Cynisme de la situation, les murs du logement occupé par les travailleurs sociaux appartiennent au ministère de la Solidarité et de la Cohésion sociale. Une table-ronde s’est tenue début juin réunissant autorités publiques et financeurs potentiels, pour la création d’un éventuel nouveau lieu d’accueil. De là à ce qu’il soit estampillé Ikea ou Casino…(...) Wikio