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Que s’est-il passé dans le CRA de Rennes dans la nuit du 10 mai ?
Article mis en ligne le 14 mai 2019

Une partie du centre de rétention administrative de Rennes a été abîmée par des incendies volontaires provoqués par des sans-papiers en colère dans la nuit de jeudi à vendredi. Ils s’opposaient à l’expulsion en pleine nuit d’un jeune Marocain de 18 ans. (...)

"Les policiers sont arrivés au milieu de la nuit pour emmener le jeune homme", raconte Alice Lukacs, intervenante juridique à la Cimade - qui est autorisée à assister les sans papiers dans le CRA de Rennes. "Nous sommes en plein ramadan, alors beaucoup de personnes étaient debout pour la prière de nuit. Il était environ 4h du matin".

Selon Alice Lukacs, la révolte a eu lieu parce que le jeune expulsé n’avait pas été prévenu de son éloignement forcé.

En règle générale, les personnes en centre de rétention sont prévenues de leur vol retour, au moins 24h à l’avance, via des tableaux d’affichage. "Ils peuvent ainsi se préparer à partir ou préparer leur recours. Mais à Rennes, contrairement au Mesnil-Amelot par exemple, il n’y a pas ce système d’affichage", continue Alice Lukacs. "Dans le cas de cette expulsion, le jeune Marocain était face à son ’premier vol’. Il était en CRA pour la première fois".

En cas d’expulsion "surprise", les associations parlent de "vols cachés".

"Aucun blessé"

Le jeune homme a bien été expulsé vers le Maroc. "Il était en rétention depuis 60 jours. Je pense qu’il ne s’y attendait pas. Il pensait réussir à revoir un juge*", continue l’intervenante juridique de la Cimade. (...)

Ce n’est pas la première fois que le CRA de Rennes subit des tensions et des émeutes. En janvier 2018, une révolte avait déjà éclaté pour les mêmes raisons : l’expulsion manu militari d’une personne sans affichage préalable de son départ.

Selon France 3, depuis le 1er janvier 2019, 20% des migrants placés en rétention à Rennes y avaient déjà fait un séjour auparavant. Seul un dixième de ces retenus a finalement été expulsé du territoire français.

*En France, après 48h en CRA, les personnes retenues doivent avoir accès à un juge des libertés et de la détention. Ce juge peut ordonner une remise en liberté ou maintenir le placement en rétention pour 28 jours supplémentaires. Une nouvelle audience est prévue à nouveau 30 jours plus tard (à 60 jours de rétention), et à nouveau 15 jours après (à 75 jours de rétention). En France, la durée maximale en CRA est de 90 jours.