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Rue 89
Quel rôle joue le Qatar dans la révolution en Syrie ?
Article mis en ligne le 13 septembre 2012

Caisse de résonance d’un conflit qui prend une dimension régionale, le théâtre syrien voit s’affronter un régime à bout de souffle soutenu par l’Iran, la Russie et la Chine et une population dont la contestation a progressivement pris, après des mois de protestation pacifique, une tournure militaire.

Dans le chaos qui règne aujourd’hui, le rôle de certaines « pétromonarchies », particulièrement du Qatar, interroge et inquiète certains observateurs. Il nous paraît donc opportun de mettre ici en évidence les contours de la stratégie qatarie dans une crise qui révèle les lignes de faille d’un Moyen-Orient où l’enjeu confessionnel devient malheureusement dominant. (...)

Portée par le vent de liberté qui a balayé les régimes de Ben Ali et Moubarak, la révolte est née d’une volonté populaire de se libérer d’une dictature militaire qui étouffait la vie du citoyen syrien.

D’abord pacifique, le mouvement de protestation a été contraint à la militarisation du fait d’une répression aveugle dénoncée par plusieurs organisations de défense des droits humains. (...)

Tout porte à croire que c’est (...) l’intransigeance du régime qui est la cause première de la régionalisation du conflit et de l’ingérence de puissances extérieures. (...)

Comme lui ont montré les scénarios tunisien et égyptien, l’émirat a compris qu’il devenait rentable de soutenir des révoltes populaires qui débouchaient sur la victoire électorale de formations islamistes dont la plupart avaient trouvé refuge à Doha durant la période précédant les révolutions. (...)

Dès l’été 2011, les autorités qataries décident donc de prendre fait et cause pour la révolte syrienne et en font l’élément central de leur dispositif diplomatique.

Au diapason des autres monarchies du Golfe, le pays entraîne l’ensemble de la Ligue arabe et plaide pour l’exclusion de la Syrie de l’organisation panarabe. Prenant la tête du Groupe d’amitié pour le peuple syrien et multipliant les initiatives diplomatiques à Doha appelant à sanctionner le régime de Bachar el-Assad, le pays est le premier à demander ouvertement l’envoi de troupes pour « mettre un terme au bain de sang ». (...)

En plus du soutien financier, diplomatique et médiatique, la question en suspens est la part du Qatar dans l’envoi d’armes à la rébellion syrienne. Même si cette livraison fait souvent l’objet d’estimations exagérées (notamment sur la Toile) elle est bien réelle mais n’est pas le fruit d’un engagement direct de l’armée qatarie.

La crise syrienne suscite un très vaste élan de solidarité auprès des opinions publiques du Golfe et c’est davantage le transfert massif d’argent qui permet à l’opposition syrienne de s’acheter des armes sur le marché noir.

A la différence de la Libye, il n’y a pas de résolution onusienne qui permettrait de couvrir une intervention étrangère et tant qu’il n’y aura pas de mandat international, Doha poursuivra ses livraisons indirectes. (...)

L’engagement du Qatar doit aussi se comprendre à l’aune de la configuration politico-religieuse régionale. La crise syrienne a fait monter à son paroxysme l’antagonisme sunnite-chiite, et c’est désormais largement par ce prisme que sont appréciés les soubresauts régionaux. (...)

Même si la chaîne Al Jazeera a organisé plusieurs débats ces dernières semaines pour prévenir des risques de l’enfermement confessionnel des révoltes arabes, la sensation du péril chiite domine les représentations. Cette perception se voit renforcée par la pression de nombreux milieux religieux qui souhaitent en découdre avec le régime d’Assad, dominé par les Alaouites considérés comme une secte hérétique.