
Les résultats des élections professionnelles dans les entreprises privées de 11 salariés et plus ont placé la CFDT en tête des confédérations syndicales, devançant pour la première fois la CGT. Tous les commentateurs se sont réjouis de cette victoire, consacrant, disent-ils, la prééminence des syndicats « réformistes » sur les « protestataires ». Avec les nouvelles dispositions de la loi « Travail » adoptée en 2016, laquelle prévoit que la signature d’un syndicat ayant obtenu 30 % des voix suffit pour valider un accord d’entreprise (sauf sur la durée du travail, où il faudra 50 %), la CFDT pourra signer seule.
(...) En parcourant les quatre dernières décennies de capitalisme néolibéral, on doit donc constater que c’est le syndicalisme qui a accompagné toutes les contre-réformes qui gagne : depuis les quatre contre-réformes sur les retraites (1993, 2003, 2010, 2012)[1] jusqu’à la loi « Travail » avec la remise en cause de la hiérarchie des normes, dite aussi « principe de faveur », qui faisait prévaloir un accord de branche sur un accord d’entreprise, un accord interprofessionnel sur un accord général et la loi sur un accord interprofessionnel.
Le bouleversement syndical qui met la CFDT en tête est salué par l’éditorialiste Jacques Julliard, l’un des théoriciens dudit « recentrage syndical » dans les années 1970 qui préparait la social-libéralisation de la confédération. (...)
Julliard a raison sur un point : le syndicalisme français a besoin d’une réunification. Mais, à côté de celle qu’il appelle de ses vœux pour parfaire l’adaptation au capitalisme néolibéral, il y a place pour une autre refondation. J’écrivais sur ce blog le 26 mai 2016 un article intitulé « Unification syndicale », que je resigne : une unification sur des bases progressistes et non pas social-libérales. L’actualité en montre la nécessité.