
Qelles que soient les bonnes intentions affichées par la quasi totalité de la planète lors de la COP21, l’accord de Paris sur le climat semble avoir du plomb dans l’aile, et pas seulement à cause du retrait des Etats-Unis décidé par le président Trump. Espérer contenir l’augmentation globale des températures à 1,5° par rapport à la moyenne de l’ère pré-industrielle est déjà un objectif difficile. L’accord de Paris vise pourtant cet objectif, et a minima voudrait maintenir cette hausse "nettement en dessous de 2°
Certains ne croient pas que cela soit faisable, sauf à prendre des mesures drastiques, et pensent que la cible des 2° serait de la science-fiction si l’on se contentait de ce qui est suggéré par l’accord de Paris, et qu’il faudrait se préparer à un monde difficile approchant les +3° à la fin du siècle. (...)
Aujourd’hui, c’est un groupe de décideurs et de scientifiques, emmenés par Christiana Figueres, vice-présidente de la Convention mondiale des maires pour le climat et l’énergie, qui alerte la communauté internationale dans un article publié par "Nature".
Les auteurs ont été rejoints par de nombreux signataires du monde politique, universitaire, mais aussi économique. Ils affirment que nous n’avons plus que trois ans pour infléchir nos émissions de gaz à effet de serre. Si ces émissions continuaient à augmenter, ou même restaient stables en 2020, il serait alors impossible d’atteindre les objectifs de la COP21. Pourtant, les auteurs de cet appel pensent qu’il est encore possible d’y parvenir... à condition de faire chuter nos émissions d’ici 2020. (...)
Pourquoi 3 ans seulement ?
Pour en arriver à ce chiffre en apparence arbitraire, les signataires de l’article de "Nature" ont effectué des calculs de "budget carbone", évaluant combien d’émissions supplémentaires correspondraient à une augmentation de température donnée. Pour rester au-dessous des 1,5°, ces émissions seraient de 150 gigatonnes et pour se maintenir sous les 2°, dans les 1.500 gigatonnes. Au rythme actuel de 41 gigatonnes par an, on dépasserait la première limite avant 4 ans. Pire, en seulement 15 ans on serait presque à la moitié des quantités nécessaires pour atteindre les fameux 2°. Dans les deux cas, l’accord de Paris est dans le rouge.
C’est pourquoi tous ceux qui soutiennent cet avertissement estiment non seulement que le changement est possible, mais qu’il est souhaitable.
"Nous avons deux voies devant nous" explique Christiana Figueres. "La première, c’est une attaque sur les droits de l’homme, l’accroissement des inégalités et de la pauvreté. L’autre voie mène à des créations d’emplois, à la stabilité, à l’amélioration de la qualité de vie. Nous n’avons pas le choix, nous devons nous occuper du changement climatique, avec tous les bénéfices que cela représente. Il n’est ni logique ni moral de comparer ces deux voies