
La réforme des retraites prévoit le recul de l’âge légal de départ et donc un allongement de la vie professionnelle. Mais de nombreuses entreprises continuent à inciter les plus âgés à partir de façon anticipée, parfois même avant 60 ans. Un paradoxe français.
La nouvelle est tombée juste avant Noël : les syndicats d’IBM France ont été convoqués par leur direction, le jeudi 5 janvier, avec, au menu, un plan qui pousse les salariés les plus âgés à quitter l’entreprise d’informatique. Une catastrophe sociale ? Pas du tout ! IBM ne lésine pas sur les moyens, si bien que les salariés y voient une véritable aubaine. « Certains pleurent de ne pas remplir les conditions nécessaires au départ », constate même l’Unsa, le syndicat majoritaire. Son délégué central, Pierry Poquet, est rompu aux négociations : « Il y a un plan presque tous les ans. » Et chaque fois, ce sont les seniors qui sont visés en priorité : les plus de 55 ans représentent 80 % des départs (la direction se refuse à tout commentaire, les négociations n’étant pas encore achevées). Cette année, l’offre s’adresse à ceux qui sont à moins de quatre ans de la retraite, avec une généreuse prime de départ, des rachats de trimestres ou une dispense d’activité avec maintien de 60 % du salaire.
Le gouvernement a beau vouloir faire travailler les Français plus longtemps, comme le prévoit le projet de réforme des retraites présentée ce mardi 10 janvier, le chômage a beau reculer et la pénurie de salariés, menacer, des seniors sont toujours poussés vers la sortie. (...)