
Après la décision rendue par la cour d’appel de Paris de relaxer Éric Zemmour le 8 septembre, le parquet général a formé un pourvoi en cassation, précise une source judiciaire à Mediapart. Plusieurs associations parties civiles au procès ont également décidé d’aller jusqu’en cassation.
Condamné en première instance, le polémiste d’extrême droite était poursuivi pour injure et provocation à la haine après un violent discours tenu en septembre 2019 lors d’un rassemblement organisé par Marion Maréchal et le magazine L’Incorrect et diffusé en direct sur LCI.
La décision de la cour d’appel avait suscité la colère de plusieurs associations parties civiles au procès qui jugeaient cette relaxe « aberrante et dangereuse » et qui ont elles aussi formé un pourvoi. Elles s’étonnaient notamment des motivations avancées par la cour et publiées ci-dessous par Mediapart. (...)
Chez les parties civiles, cette décision suscite colère et interrogations. « C’est un véritable recul en matière d’antiracisme, déplore Samuel Thomas de la Maison des potes. Selon eux, si l’on ne vise pas l’intégralité d’une communauté, il n’y a plus d’injure et d’incitation à la haine. Cela signifie donc qu’on peut s’en prendre aux musulmans étrangers ou aux immigrés musulmans en toute impunité. C’est une décision aberrante et dangereuse, poursuit-il. Un feu vert pour que certains profèrent de plus en plus de propos haineux contre des groupes de personnes que la justice décide de ne plus protéger. » (...)
Jérôme Karsenti, l’avocat de l’association, y voit « un crachat jeté au visage de la République ». « On est à la veille d’une élection présidentielle, on a bien compris que Zemmour allait y jouer un rôle et que la question de l’identité allait être au cœur de cette élection. La question de l’identité telle qu’elle va être posée, à l’abri de cette jurisprudence, risque d’être tragique », estime l’avocat qui dénonce « une décision politique » et conteste la logique juridique de la décision. « C’est une construction byzantine. Il y a des subtilités de sous-ensembles. C’est une vision tronquée presque mensongère de la réalité des propos qui ont été tenus au long d’un long discours où l’on comprend parfaitement qu’il visait les musulmans et uniquement les musulmans. Il y a clairement une volonté d’épargner Zemmour. » (...)
Comme l’a relevé le site Checknews, Éric Zemmour a été condamné à plusieurs reprises. Une condamnation définitive est intervenue en 2011 pour « provocation à la discrimination raciale », après des propos tenus chez Thierry Ardisson. Il a également été condamné en appel en 2018 à 3 000 euros d’amende pour « provocation à la haine religieuse » après avoir tenu des propos islamophobes.