
Rester fidèle à sa vocation professionnelle première, quitte à demeurer au chômage, ou « traverser la rue » et changer de profession : dans les deux cas, les risques psychosociaux s’avèrent importants, avec stress et perte de sens, assurent les experts du travail.
En conseillant ce week-end à un jeune horticulteur au chômage de chercher un emploi dans les cafés-restaurants, en manque de bras, Emmanuel Macron a interpellé les spécialistes de la santé, proches du monde du travail.
Le conseil n’est pas anodin et laisse entendre que les aspirations professionnelles personnelles peuvent passer après l’accès au travail, quel qu’il soit.
Le discours du président de la République renvoie à l’idée que le « chômeur est responsable du chômage », analyse le sociologue Vincent de Gaulejac. « C’est paradoxal, car d’un côté la société célèbre les motivations individuelles et de l’autre, on n’a pas le droit de faire de l’horticulture, de l’histoire de l’art ou d’autres métiers (...) : il faut s’adapter au marché du travail », constate-t-il.
L’idée d’ajustement au réalité du marché de l’emploi « n’est pas injuste en soi » et peut exiger d’accepter un autre emploi, de manière provisoire, reconnaissent des professionnels de la santé au travail.
Mais il ne faut pas abandonner ses aspirations pour autant : il est « important que l’individu s’inscrive dans une logique d’insertion professionnelle durable en termes de motivation, de projet, de salaire », souligne Xavier Alas Luquetas, psychothérapeute et dirigeant du cabinet Eleas, spécialisé dans les risques psychosociaux et la qualité de vie au travail.
« Il n’a donc pas intérêt à abdiquer trop vite ses aspirations », ajoute-t-il, mettant en avant les risques de tensions au travail, de stress en cas de décalage entre les attentes professionnelles d’un travailleur et ce qu’il fait réellement. (...)