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Rétention des mineurs étrangers : la CEDH condamne de nouveau la France
Article mis en ligne le 13 juillet 2016

Quatre ans après avoir condamné l’enfermement de deux enfants d’une famille kazakhe dans le centre de rétention administrative (CRA) d’Oissel-Rouen, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) intime une nouvelle fois à la France de revoir ses pratiques de rétention des mineurs étrangers en vue de l’expulsion de leur famille.

C’était pourtant une promesse de campagne du président de la République. En mai 2012, dans un courrier adressé aux associations d’aide aux étrangers, François Hollande s’était engagé à mettre fin à l’enfermement des enfants en bas âge pendant plusieurs jours dans des Centres de rétention administrative (CRA), en vue de leur expulsion. Pourtant, quatre ans plus tard, dans une salve de cinq arrêts, la Cour européenne des droits de l’homme vient rappeler à l’exécutif français qu’il n’a pas tenu ses engagements. (...)

"La France compte parmi les trois seuls pays européens qui recourent systématiquement à la rétention de mineurs migrants accompagnés" (...)

Hormis une circulaire du ministère de l’Intérieur en juillet 2012 pour empêcher ces enfermements sauf en cas exceptionnel, la situation n’a en outre pas vraiment évolué. Pire, le nombre d’enfant retenus, selon les association, a plus que doublé par rapport à 2014, passant de 45 à 105 enfants en un an. Et à Mayotte, la situation est encore "plus préoccupante" puisque 4378 mineurs ont été enfermés en 2015. "La France persiste à enfermer. Depuis 2015, on a une augmentation des enfermements de confort près des aéroports l’avant-veille d’une expulsion. Ça met les familles dans des situations traumatisantes", regrette encore Jean-Claude Mas, de La Cimade.

"Un désaveu de la politique du gouvernement"

"C’était pourtant un engagement très clair, complète le juriste Nicolas Hervieu. Les préfectures n’ont pas changé leurs pratiques. Cette condamnation sonne donc comme une forme de désaveu de la politique du gouvernement en matière de droit des étrangers". (...)

Reste à savoir si l’Intérieur fera en sorte de faire évoluer ses pratiques. Votée le 7 mars 2016, la loi sur le droits des étrangers a, selon Jean-Claude Mas, "validé la possibilité d’enfermer en dernier recours en centre de rétention administrative". "Ce texte légalise une pratique qui ne devrait pas exister", craint-il. Il est sur ce point appuyé par le Défenseur des droits, Jacques Toubon, qui ce 12 juillet demandait lui aussi à réformer la loi pour mettre fin à la rétention administrative des enfants. (...)