La politique du chiffre en matière de reconduites à la frontière conduit à une gestion déplorable des sans-papiers dans les centres de rétention administrative (CRA).
(...) Algérien en France depuis onze ans, il attendait le renouvellement annuel de son titre de séjour. La police l’embarque aussitôt en garde à vue où il ne lui est pas permis de voir un avocat, de passer un coup de téléphone ou de se rendre aux toilettes. Vingt-quatre heures plus tard, il est débarqué au CRA de Vincennes. « On m’a donné une couverture pourrie, deux draps, une serviette. On m’a pris en photo et donné un numéro. J’étais paniqué, je me suis dit “mais je suis en prison ou quoi ? ” », témoigne-t-il encore ahuri. (...)
À l’intérieur, « c’est l’enfer » : barquettes de nourriture « dégueulasse », douches à l’eau froide et sans savon. Son cousin a essayé de lui en apporter : refusé, comme les chips ou le chocolat, au motif que les paquets « n’étaient pas transparents ». À l’intérieur, les détenus sont sous la surveillance des élèves de l’école de police de Vincennes. Les heurts sont fréquents mais peu d’information filtre, les policiers cassent les écrans des téléphones portables pour empêcher les détenus de filmer ou de prendre des photos.
Mais ces derniers mois, les associations relaient la multiplication des tentatives de suicides, mutilations, grèves de la faim, révoltes et incendies un peu partout en France.
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en 2010, le placement en CRA de plus d’une personne sur deux s’est révélé contraire au droit, rapporte l’Observatoire des centres et locaux de rétention administrative dans un premier rapport publié mi-décembre.
Rédigé par l’Association service social familial migrants (ASSFAM), Forum Réfugiés, France Terre d’Asile, la Cimade et l’Ordre de Malte qui interviennent dans les CRA, il dénonce un « recours à l’enfermement systématique » et une « banalisation de l’enfermement comme mode de gestion des sans-papiers en situation irrégulière ». En effet, le nombre de personnes passées par les CRA en France a doublé en un an : 35 500 personnes en 2009 (pour 29 000 expulsions) contre 60 000 en 2010. Le nombre de places, lui, a augmenté de 80 % entre 2005 et 2011.
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