
Les déclarations récentes du Ministre délégué en charge de la Ville, François Lamy, soulignent des constats sur lesquels nous nous accordons.
Tout d’abord, il est vrai que les trois décennies de la Politique de la Ville n’ont pas eu les effets escomptés. La situation des quartiers urbains soumis à des difficultés sociales incommensurables ne fait que se dégrader en cette période de crise.
Ensuite, il est temps, en effet, de réfléchir en termes de territoires. Cloisonner les quartiers n’est pas une réponse appropriée, ces quartiers sont parties prenantes d’une dynamique territoriale plus large qui nécessite une stratégie globale.
Enfin, la politique de la ville est effectivement multidimensionnelle, c’est-à-dire impliquant une diversité d’acteurs institutionnels. Un défaut de pilotage et d’animation collective a été mentionné, nous ne pouvons qu’être d’accord avec ce constat.
Nous nous réjouissons de la volonté affichée de concertation. Nous répondons favorablement à l’appel à une mobilisation générale en vue d’une action plus lisible, plus globale et mieux coordonnée.
La venue du Ministre délégué en charge de la ville et de son homologue déléguée à l’Égalité des territoires et du Logement à Roubaix pour cette première étape de concertation sur la politique de la ville ne tient pas au hasard. Des chiffres souvent médiatisés et connus de tous suffisent à justifier ce choix.
Roubaix vient de remporter le triste titre de « Ville la plus pauvre de France »
(...) Dans ces territoires si particuliers, l’action des acteurs associatifs est devenue une absolue nécessité. Ces bénévoles et salariés associatifs ont développé une expertise très forte sur les problèmes rencontrés au jour le jour par les familles, les habitants, les jeunes de ces quartiers. Ils sont détenteurs de savoirs et de compétences que nul autre ne possède et propose des actions que personne, en dehors d’eux, n’est en mesure de mettre en place.
Les associations, dans ces territoires en difficultés, ont su nouer des systèmes de relation, de confiance mutuelle, d’écoute et de partage avec les habitants. Elles ont investi une action territoriale très spécifique qui mobilise l’identité de quartier, met à contribution l’ensemble des forces vives de ces territoires et assure une paix sociale fragile mais salutaire.
Cependant, ce travail long et difficile développé par les nombreuses structures associatives est aujourd’hui soumis à des coups de boutoirs toujours plus forts.
La nature des financements publics dont bénéficiaient hier les associations a subi de profondes mutations. La multiplication des procédures d’appels d’offres et d’appels à projets favorise la concurrence entre structures, diminue les possibilités d’innovation, influence une banalisation des projets conduits et fragilise le travail quotidien des acteurs.
Les contrats de travail, souvent précaires, sont de moins en moins accessibles dans un contexte de raréfaction des ressources. Les dispositifs d’insertion, tels que les CUI-CAE, qui assuraient une formation des jeunes faiblement qualifiés au sein d’un secteur associatif demandeur de compétences nouvelles et du dynamisme de ces jeunes, sont aujourd’hui fortement menacés à très court terme.
Conséquence de ces mutations ? Les jeunes peu qualifiés et souffrant de discrimination à l’emploi s’en trouvent encore plus éloignés, une épée de Damoclès plane au-dessus d’associations déjà en grande difficulté pour nombre d’entre elles. In fine, c’est la cohésion sociale au sein de quartiers en grande difficulté qui en pâtit. (...)
Nous ne versons pas dans l’alarmisme. Nous ne souhaitons pas le catastrophisme. Nous sommes convaincus que la réussite émerge de l’action, et l’action nous souhaitons la porter, collectivement, en partenariat, dans le cadre de contractualisations qui respectent et garantissent une spécificité associative. (...)
nous ne réclamons qu’une garantie de conditions d’action décentes, favorisant le maintien de l’emploi associatif, assurant des moyens matériels satisfaisant pour porter les valeurs qui sont les nôtres. Cela passe par :
– La reconnaissance de la spécificité associative
– Le maintien des dispositifs d’insertion existants : CUI-CAE
– L’instauration d’un nouveau modèle partenarial entre l’Etat, les collectivités territoriales et les associations
– La garantie de financements publics non soumis à appels d’offres/appels à projets sur des secteurs pour lesquels les associations disposent d’un savoir-faire spécifique et évident. (...)