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SERIE - La folie des grands projets inutiles en Europe
Article mis en ligne le 19 mars 2014

De plus en plus gros, de plus en plus chers, de plus en plus inutiles : les « Grands projets inutiles et imposés » (GPII) se multiplient sur le continent européen. Reporterre s’y intéresse en profondeur. Premier volet de notre enquête.

A de nombreuses reprises ces derniers mois, Reporterre a couvert l’actualité des GPII en France : Notre Dame des Landes, la Ferme-usine des Mille vaches, le grand stade à Lyon, le barrage de Sivens dans le Tarn, les projets de centrale biomasse à Gardanne ou à Pierrelatte.

Mais ces projets d’infrastructures ne sont pas une spécificité française ; les pays voisins en Europe voient également se développer sur leur territoire des cas identiques : la gare de Stuttgart en Allemagne, l’aéroport de Ciudad Real en Espagne, le projet de mine à Rosa Montana en Roumanie, ou bien encore le projet de liaison ferroviaire Lyon-Turin porté conjointement par la France et l’Italie.

La tendance à la multiplication de ces projets prend sa source dans la crise économique et financière des années 2000. « Pour relancer l’économie, on a vu resurgir le mythe des grandes infrastructures. La situation de crise a ainsi conduit les bailleurs publics à soutenir massivement de plus en plus de grands projets » explique Malika Peyraut, chargée de campagne Institutions Financières Internationales aux Amis de la Terre France.

Problème ? L’absurdité de ces projets, qui n’apparaissent guère décidés selon les critères de l’intérêt général : « Ne sont pris en compte ni la volonté des communautés locales ni les nécessités de la transition énergétique. De plus, sur le plan économique, ce sont des investissements très coûteux qui nécessitent un temps long d’amortissement : ce n’est pas non plus cohérent avec les besoins du moment » poursuit Malika Peyraut. (...)


Tous ces projets ont un dénominateur commun : transfusant des fonds publics vers de grandes entreprises privées, ils se caractérisent par un impact écologique important et une planification sans concertation avec la population locale.

La Charte de Tunis, adoptée le 29 mars 2013 lors du Forum Social Mondial de Tunis par les mouvements de lutte contre les GPII, offre une grille de lecture plus fine, au regard de laquelle peut s’apprécier la qualité de grand projet inutile et imposé. (...)

Dans le même temps se construisent des oppositions locales. C’est là un autre trait commun des GPII, selon le collectif Intercoll : « Ils rencontrent souvent, sinon de façon systématique, la résistance des riverains et citoyens ». Depuis quelques années un mouvement social européen consacré à l’opposition aux Grands Projets Inutiles et Imposés s’est développé. A l’image de ce qui s’organise actuellement contre les gaz de schiste ou autour du climat->5461], où les militants convergent au sein d’un collectif unique à vocation supranationale, la lutte contre les GPII tend à se structurer à l’échelle européenne. En décembre dernier, Geneviève Coiffard-Grosdoy expliquait à Reporterre les fondements de la démarche : « Les luttes locales ont commencé à se mettre en réseau, partageant expériences et informations. Car la même logique destructive et corrompue est à l’oeuvre dans tous ces projets lancés en Europe par les gouvernements et les multinationales ».

De premiers outils ont permis de fédérer le réseau, qui peut travailler sur une carte interactive et évolutive des GPII – carte initiée par la revue Mouvements en novembre 2012 - ou se réunir autour d’une date commune, le 8 décembre, identifiée comme la journée européenne contre les GPII.

Surtout, après une première rencontre dans la vallée de la Suse à la fin de l’été 2011, un Forum européen des Grands Projets Inutiles s’est mis en place, qui a organisé ses rencontres annuelles à Notre Dame des Landes en 2012 et à Stuttgart l’année dernière. Le prochain rendez-vous est fixé à Rosia Montana, entre les 8 et 11 mai.

La carte de France des projets inutiles