
L’île Hans est un caillou perdu dans l’Arctique. Elle est revendiquée par le Canada et par le Danemark, car la disparition des glaces la ferait se trouver au milieu d’une route maritime. Une campagne originale appelle les citoyens du monde entier à la revendiquer collectivement, afin qu’elle ne devienne pas l’enjeu de la cupidité, mais un symbole de la lutte contre le réchauffement climatique.
Cette île avait toutes les raisons de rester anonyme. Isolée au fin fond de l’Arctique, encerclée par d’infranchissables banquises, relais accidentel pour un ours ou trois corbeaux, pas de quoi ébranler les foules… Aucune ressource minière sur ce caillou de 1,3 km2, et une température annuelle moyenne qui flirte avec les – 20°C.
Pourtant… L’île Hans, j’en suis convaincu, pourrait changer notre rapport au monde. Voire le monde lui-même. (...)
La préservation de cet environnement si précieux, car il stabilise le climat et le niveau des mers, n’est-elle pas infiniment plus importante que le besoin de découper, de s’approprier et d’exploiter ce territoire inhabité, dont l’avenir de chacun de nous dépend ?
L’île Hans nous appartient !
Je suis convaincu que nous pouvons retourner la situation en créant un événement sans précédent. Nous allons nous aussi, en tant qu’êtres humains, revendiquer l’île Hans. Ce n’est pas l’appât du gain qui nous motive, non ! C’est le désir de vivre, de prendre le contre-pied d’un système sans issue, de déjouer la perspective d’un chaos écologique et climatique généralisé. J’ai décidé que l’île Hans m’appartenait. Et ce que j’ai décidé, tout le monde peut le décider aussi.
Le site Hans Universalis permet à chacun de devenir l’habitant virtuel de l’île Hans et de remplir une « Déclaration de Revendication », l’objectif étant d’obtenir de l’ONU qu’elle attribue à l’île Hans un statut de terre n’appartenant à personne (Terra Nullius). (...)
La démarche entend introduire une alternative à l’appropriation systématique de la planète par telle ou telle puissance. Il s’agit de faire passer, pour une fois, l’intérêt commun avant l’intérêt privé des compagnies marchandes ou des nations, car il est particulièrement tragique que la libération de l’île Hans par les banquises polaires, due au réchauffement climatique, attise les convoitises de ceux qui n’hésiteront pas à aller plus loin encore dans ce même réchauffement climatique.
Hans est également un symbole. À mille kilomètres seulement du pôle Nord, nous prenons du recul, gardons nos distances par rapport aux visions à court terme qui obsèdent le monde. Nous devenons poète, magicien, philosophe… Goûtons à la solitude et au silence, au plus près de notre humanité essentielle. (...)
L’association Hans Insula Universalis ne cherche pas seulement à libérer l’île Hans ; derrière l’étendard du symbole, elle entend rassembler toutes les actions de terrain qui ont du sens. Nous venons de connaître la « Marche pour le climat ». Se rassembler est important pour montrer au pouvoir que le public est capable de se mobiliser autour de la question du climat, mais ce n’est pas suffisant.
Porter des revendications solides et étudiées
Nos gouvernements ont besoin de professionnels informés pour orienter leurs décisions. Pour prendre conseil, ils ne se tournent pas vers un mouvement militant mais vers les industriels, qui habillent leur discours avec un « développement durable » conçu pour ne rien bousculer.
Des millions de personnes pourront descendre dans la rue, rien ne se passera faute des connaissances et des compétences nécessaires pour orienter les décisions. (...)