
Après son travail « Vies ordinaires, vies précaires » en 2007, Guillaume Le Blanc a été amené à penser la question de l’Étranger. « Sangatte, le démantèlement de la jungle de Calais, ou la traque aux Roms, c’est la même logique d’administration de l’Étranger pour rendre invisible ». Avec un point de vue de philosophie politique, il revient donc sur les mécanismes de stigmatisation des vies. La création d’un « dehors » par opposition à un « dedans ».
Qu’est-ce qu’être étranger ? La figure n’a pas toujours été celle d’une victime. « Le colon étranger fait de l’autochtone un étranger dans son propre pays ». L’étranger peut aussi, sans vaincre ses hôtes, choisir de rester « au dehors », comme les touristes ou les hommes d’affaire. Mais le plus souvent, et c’est sur cette figure que se penche Guillaume Leblanc, l’Étranger est désigné comme tel et rejeté à la frontière.
Les polémiques autour des Roms, de la déchéance de nationalité ou de « l’identité nationale » révèlent une crise de définition de la nation, qui a besoin de renvoyer une population à la frontière pour mieux se penser comme telle. « En délimitant la possibilité d’un dehors, on va créer la fiction du dedans (...)
La clé de l’ouvrage relève de la capacité de chacun à se penser soi-même comme Autre, à fréquenter ce que Deleuze appelait son « peuple intérieur ». (...)