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Se prostituer librement, nouvel adage du néolibéralisme patriarcal ?
Article mis en ligne le 21 septembre 2012

La « liberté de se prostituer », ultime argument du post-féminisme ? Pour Sophie Péchaud, présidente de l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AFVT), derrière cet oxymore se cache plutôt une théorie économique bien éloignée de toute pensée novatrice : le capitalisme. Ou quand la pénalisation de la prostitution devient une atteinte à la « liberté du consommateur »...

Se prostituer librement, voilà l’aboutissement ultime du post-féminisme, entend-on de manière dominante depuis longtemps, et plus encore depuis que la ministre des droits des femmes a affirmé sa volonté de pénaliser les clients de prostituées.

Depuis, tous les médias se sont empressés de donner la parole aux agent-e-s de la marchandisation du sexe. Cet été, une émission sur France Inter [1] à travers la voix d’une productrice clairement de parti-pris, a ouvertement fait l’apologie de la « libre prostitution » pendant deux heures, réduisant la position abolitionniste au rang des combats féministes les plus ringards et dépassés.

« Faire le choix de se prostituer librement » représenterait désormais ce qu’il y a de plus visionnaire et progressiste (...)

À l’image de cette prétendue dérive répressive, la nouvelle loi sur le harcèlement sexuel tendrait à « faire du contrôle social, à mettre en place les mesures de l’ordre moral » [3]. Tribunes, articles, interviews, portraits.... Les bons petits soldats de la société patriarcale sont de sortie pour le retour de bâton. (...)

Les personnes se réclamant d’un « nouveau féminisme » plus libre, plus « fun », ne disent rien de plus que les plus vieux théoriciens du libre-marché et toutes celles et ceux qui refusent de s’émanciper de structures patriarcales ancestrales. Tant qu’il y a de l’offre et de la demande... Ce bon vieux paradigme économique a la peau dure et les dents bien acérées. Qu’importe les personnes pourvu qu’on ait l’argent. (...)

Sur France Inter le 23 août, on a pu entendre ceci : « Vous avez des femmes qui pour arrondir leur fin de mois, se vendent pour quelques heures. Que ce soit triste, d’accord, mais c’est leur problème, ce n’est pas le nôtre » [4]. Tout est dit. Ce n’est pas le leur, ce n’est pas le problème de celles et ceux qui n’ont pas besoin d’arrondir leurs fins de mois. (...)