
La ruée vers l’or noir, en Alberta, dans le Nord du Canada, n’est pas près de s’arrêter. Le gouvernement canadien vient de donner son feu vert à l’expansion d’une mine de pétrole de l’entreprise Shell. 13 000 hectares supplémentaires vont ainsi pouvoir être exploités par la société pétrolière, qui occupe déjà 7500 hectares, au Nord de Fort Mc Murray. Au total, d’après l’étude d’impact environnemental, ce sont 186 000 hectares qui seront modifiés ou détruits à cause de cette nouvelle installation. L’équivalent de la moitié de la superficie de départements français comme la Haute-Savoie ou le Tarn-et-Garonne !
En première ligne, la communauté des Premières Nations d’Athabasca Chipewyan risque d’être touchée. La rivière Athabasca, qui alimente en eau le territoire de ces Indiens, pourrait à nouveau être polluée par le développement de l’industrie pétrolière dans la région. « Cette rivière est notre vie depuis des milliers d’années. Elle nous a maintenus en nous donnant du poisson, de la nourriture, de l’eau, le moyen de nous déplacer, bref, tout », explique Alice Rigney, l’aînée de la communauté.
La pollution n’est cependant pas nouvelle dans la région. La rivière Athabasca charrie déjà des produits chimiques et des hydrocarbures qui proviennent directement des mines pétrolières situées en amont.
C’est ce que l’on découvre dans le troisième épisode Fort McMoney, le jeu documentaire conçu par le journaliste David Dufresne sur la ville de Fort McMurray (lire notre interview). Développement des cancers, poissons difformes, eau impropre à la consommation inquiètent les habitants de la communauté Athabasca Chipewyan. « Mes arrières petits-enfants n’auront rien si nous continuons à tout détruire comme cela, » explique Raymond Ladouceur, pêcheur professionnel, dans Fort McMoney. Quant au chef de la communauté, Allan Adam, il affirme : « S’ils ne peuvent pas nettoyer les poubelles qu’ils ont créées, alors nous ne donnerons pas notre accord pour une nouvelle installation. »(...)