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« Si les conservateurs l’emportent, la lutte contre le changement climatique perdra du temps »
Article mis en ligne le 26 juin 2020
dernière modification le 25 juin 2020

Lyon, la troisième ville française, pourrait être dirigée par Grégory Doucet, un écologiste jamais élu. Il faudra que sa liste surmonte l’alliance conclue pour ce second tour entre Les Républicains et La République en marche. Une union qui illustre, selon le candidat écolo, le nouveau clivage entre terrestres et non-terrestres.(...)

Avec le temps qui s’est étiré du fait de la crise sanitaire, ce second tour a permis de clarifier les choses. S’il n’y avait pas eu trois mois entre les deux tours, l’alliance entre Les Républicains et LREM [La République en marche] ne se serait pas faite. On voit se dessiner un camp conservateur, que certains appelleront technolibéral, qui pense encore que la planète est sans limite. Je les positionne parmi les non-terrestres. Et il y a le camp des terrestres, qui regroupent des personnes avec des parcours politiques différents — venant de partis aujourd’hui classés à gauche et d’autres peut-être plus classés centristes.(...)

L’écologie puise un certain nombre de ses réflexions et de ses références dans ce qu’on appelle la gauche. Mais pas uniquement. Il existe à gauche des tas de gens qui sont productivistes, ou qui défendent le nucléaire. Par ailleurs, il y a aussi dans le libéralisme philosophique — pas économique — beaucoup de choses qui irriguent l’écologie : dans la reconnaissance de l’énergie créatrice de la prise d’initiative, dans l’idée de renouveler la démocratie, de donner la parole aux citoyens. ...)

Placer l’écologie dans ce clivage gauche / droite, c’est vouloir faire entrer un rond dans un carré.(...)

Bref, on est devenus le mouvement politique ennemi pour certains — donc le péril écolo, les Khmers verts… En plus, on parle de changement, de transition, de remise en question d’acquis pour certains, de remise en cause de places, de postes. Certaines personnes se sentent en danger, et développent des réflexes primaires de sauvegarde, de sauvetage. Il y en a qui mordent, qui hurlent.(...)

À la suite de la crise, on a amendé notre programme, en identifiant des éléments supplémentaires ou prioritaires. Il faut accélérer sur certaines mesures : on va profiter de la mise en place nécessaire de l’urbanisme tactique pour avancer plus vite sur les déplacements cyclables.

La crise est sanitaire mais aussi sociale. Que portez-vous comme réponses à la crise sociale ?
Un des sujets urgents, c’est la question de la déscolarisation. Les enfants ne sont pas allés à l’école, et beaucoup n’ont pas repris le chemin de l’école ; particulièrement les enfants des familles les plus pauvres. Et c’est souvent dans ces familles qu’on trouve les enfants en difficulté à l’école.

Un creusement des inégalités s’est produit, il faut y répondre rapidement. D’où la nécessité d’agir durant l’été, en complément de l’Éducation nationale, pour offrir des activités de resocialisation, de préparation de la rentrée.

Ensuite, certaines questions se traitent au niveau métropolitain. (...)

Si une force politique est relayée et renforcée par la société civile, elle pèse d’autant plus dans une collectivité. L’écologie s’est imposée dans le débat public, la question du climat est là, devant nous. Même si la majorité nous échappait à la métropole, le chemin est globalement tracé. Mais si ce sont des conservateurs qui l’emportent, on perdra du temps. Et probablement que les choix qu’on peut faire aujourd’hui dans un moment qui est encore approprié, on devra les faire avec le couteau sous la gorge. (...)