Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
observatoire des inégalités
« Si on laisse les inégalités se poursuivre, il y a un risque de rupture du pacte républicain »
Entretien avec Louis Maurin de l’Observatoire des inégalités
Article mis en ligne le 24 janvier 2018

(...) Pourquoi une collectivité locale [1], aurait-elle recours à l’Observatoire des inégalités ?

Pour les collectivités locales, qui sont des acteurs de la société tout comme les associations, les entreprises ou les citoyens en général, pour pouvoir comprendre et intervenir dans la société d’aujourd’hui, il y a un besoin de connaissance sur la mise en œuvre des politiques publiques. Pas seulement en ce qui concerne les inégalités, bien sûr, mais c’est au niveau des inégalités, aujourd’hui, que « cela coince », que les tensions sont alimentées.

Si l’on observe les choses de façon trop surplombante, on masque derrière les moyennes des écarts qui, au niveau local, peuvent être tout à fait considérables. On ne comprend alors plus ce qui se passe. (...)

Si on ne comprend pas notamment la situation des revenus, on rate l’analyse des besoins sociaux et on risque de mettre en œuvre des politiques qui ne soient pas adaptées aux besoins d’aujourd’hui. Pour autant, il faut se garder d’une lecture catastrophiste de la société française et de la ville. Par exemple, une commune dans laquelle il y a des inégalités est une ville où il y a des populations mélangées. Il faut faire attention à ne pas poser des normes de façon trop simpliste. Enfin, il me semble que pouvoir diagnostiquer ce qui se passe dans une société est indispensable si on veut mettre en œuvre des politiques adaptées.

Quels types d’actions mène l’Observatoire avec les collectivités ?

D’abord, nous intervenons au niveau national dans le débat public sur les inégalités. Mais le travail avec les collectivités est, pour nous, un champ important de compréhension de ce qui existe dans le pays tout en faisant attention à ne pas masquer par des moyennes trop générales les phénomènes territoriaux.

Nous intervenons très souvent pour présenter nos données, notre état des lieux, dans toute la France, auprès de collectivités ou d’associations. Nous collaborons avec de nombreux réseaux d’observation sociale. (...)

Nous appelons à nous soutenir tous ceux qui sont concernés par les questions des inégalités. Cela peut aller des 5-10 euros que va nous donner un étudiant à des soutiens beaucoup plus importants de personnes qui ont plus de revenus. Si nous existons, c’est grâce à tous ces soutiens. Il y a, dans notre pays, tout un ensemble de personnes très sensibles à l’existence d’un système d’information sur les inégalités, indépendant de tout parti politique, de toute association. Pour nous, c’est un appui matériel mais aussi un soutien moral. C’est vraiment revigorant de voir qu’autant de personnes partagent nos valeurs et nous aident dans notre travail. (...)

Si on laisse les choses se faire, si on ne met pas les choses clairement sur la table, il y a un risque de rupture du pacte républicain, d’alimentation des tensions. La démocratie n’est pas intouchable, elle peut être en péril si on continue à alimenter les inégalités, notamment les privilèges des catégories les plus favorisées. Nous restons néanmoins optimistes. Sinon, nous ne ferions pas un observatoire des inégalités. (...)

Il existe un vrai besoin, une vraie sensibilité autour de cette thématique parmi les plus jeunes. C’est un enjeu clé de diffuser les valeurs qu’affiche notre société, qu’exige notre citoyenneté.

Le deuxième axe est de mettre l’accent sur l’explication des phénomènes sociaux, c’est ce que nous avons toujours fait. Nous devrions en particulier publier un ouvrage, courant juin, autour de la question « Comprendre les inégalités ». On a déjà travaillé sur l’état des inégalités, sur « Que faire contre les inégalités ? » ; nous voudrions finir la trilogie. Coucher sur le papier les informations qu’on peut donner sur notre site internet ou lors de nos formations pour fournir un guide, « un manuel de survie », pour comprendre les inégalités aujourd’hui. (...)