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« Squat, la ville est à nous »
Entretien avec Christophe Coello Par Simon Cottin-Marx
Article mis en ligne le 28 septembre 2013
dernière modification le 22 septembre 2013

Vous avez réalisé de nombreux documentaires engagés ou à controverses, comme "Attention danger travail", "Volem rien foutre al pais". Avec "Squat, la ville est à nous" vous vous intéressez au collectif Miles de Viviendas", un collectif de réappropriation urbaine de Barcelone. Tout d’abord pourquoi vous intéresser à cette ville ?

(...) Pourquoi me suis-je intéressé à la ville de Barcelone dans "Squat, la ville est à nous" ? D’une part, parce qu’il me semble que, depuis pas mal de temps, cette ville est à la pointe des luttes prônant l’autonomie, l’autogestion, l’organisation sans hiérarchie, sans contact avec les institutions et les partis politiques. Cette démarche me passionne et je voulais réaliser un film en lien avec cette philosophie politique. D’autre part, pour être plus pragmatique, je ne disposais pas d’un budget me permettant de voyager très régulièrement à Londres, Berlin ou Amsterdam et de toute façon je ne parle pas les langues de ces villes... Je suis perpignanais, je parle castillan, catalan et français, Barcelone est à 180 km de chez moi... ça tombait bien.

Que pouvez-vous nous dire sur le mode d’action du collectif que vous avez suivi ? Comment s’inscrit-il dans la ville ?

"Miles de viviendas" était un collectif parmi d’autres à Barcelone. Ses actions n’étaient ni plus spectaculaires, ni plus radicales que celles de certains groupes. Il existe, à Barcelone, une pléiade de collectifs ayant des démarches assez proches, ils sont connectés les uns aux autres de manière informelle, ils se retrouvent sur des actions communes, se réunissent lors d’assemblées générales périodiques (l’inter-squat par exemple)... Aucun n’est isolé dans sa volonté de combattre ce qu’ils considèrent comme inadmissible. (...)

cette envie commune de mener une profonde réflexion politique tout en la liant systématiquement à la praxis. Ce parti pris de départ : "politisons notre vie quotidienne, chaque instant de notre existence" m’a semblé d’une puissante cohérence. Le film est jalonné d’action, parfois spectaculaires, mais ce collectif a, avant tout, mené un travail de fond, en s’investissant énormément dans la vie des deux quartiers populaires que l’on voit dans le film. L’idée étant de créer, avec les voisins du squat, un lieu autonome : un lieu de vie, de débat, de culture, de fête, etc... bref, un lieu de vie autogéré qui transforme la vie. Et que ce lieu puisse être utilisé par tous ceux qui veulent se rebeller contre, par exemple, la "gentrification" de ces quartiers populaires qui implique l’expulsion de ses habitants historiques. "Miles de vivendas" a, en partie, réussi son pari, puisque la lutte de ces quartiers, notamment celui de La Barceloneta, a repris un second souffle et est redevenu très dynamique.

En même temps, le squat a aussi servi à connecter les gens du quartier aux assemblées implantées dans d’autres endroits de la ville, créant, en quelque sorte, une fédération informelle. Enfin, il est à noter la forte présence de femmes dans ce collectif et l’énorme investissement des habitantes du quartier. Si je dis cela, c’est parce que les préjugés nous laissent souvent penser que ces milieux considérés comme "radicaux" sont essentiellement masculins et très chargés en testostérone... Les luttes de "Miles des viviendas" et du quartier de La Barceloneta étaient aussi un bon exemple pour aller à l’encontre de ces clichés. (...)