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Sur l’aéroport de Nantes, les compagnies low-cost surexploitent les travailleurs précaires
Article mis en ligne le 24 mai 2013
dernière modification le 21 mai 2013

Les compagnies low-cost qui font la fortune de l’aéroport de Nantes Atlantique usent et abusent de travailleurs précaires et sous-payés. Exemple : Aviapartner.

Pas déçues du voyage, Carole et Émilie. L’été dernier, elles sont devenues hôtesses au sol après avoir répondu à une petite annonce publiée par le site Leboncoin.fr. C’est comme ça qu’on recrute les saisonniers pour neuf mois, chez Aviapartner. À Nantes-Atlantique comme dans une trentaine d’aéroports européens, ce groupe belge* assure les embarquements des passagers et des bagages pour les compagnies low cost. La chasse aux dépenses inutiles imprègne aussi Aviapartner. Les salaires plein pot, par exemple... (...)

Epuisement garanti, quand on fait plus de six heures à flux tendu debout au comptoir, enchaînant les procédures d’embarquement de trois ou quatre vols d’affilée, le plus souvent sans un instant pour manger, sans la pause légale de vingt minutes toutes les six heures.

La direction du travail a été alertée. « Sur ce sujet, je ne peux pas vous répondre », dit Hémery. Et tant pis s’il n’y a pas de salle de repos, juste un siège dans le bureau des chefs, avec interdiction de manger tout comme dans le zones recevant du public. À peine le temps d’aller pisser vite fait, une perte de temps reprochée par l’encadrement. (...)

« Convocations sur le champ au bureau, réprimandes, dénigrements, menaces de licenciements, regards méprisants, avertissements. Traitées comme des moins que rien, alors qu’on était en sous effectif, sous pression... M’est arrivé de revenir du bureau en pleurs devant les passagers ». (...)

« La plupart des gens s’écrasent par peur de ne pas avoir de renouvellement de contrat, ou pour la carotte d’un hypothétique CDI », dit Carole.

Avec ça, uniforme obligatoire, mais pas fourni. Juste un chemisier déjà porté par d’autres, avant, et un vague remboursement de 30 euros sur présentation d’un ticket de caisse. Jupe, pull, chaussures, elles ont dû tout s’acheter. « Ce qui faisait un décalage par rapport aux permanents. Nous les saisonniers, on faisait un peu pouilleux. Et on se faisait reprendre sur les bijoux, la coiffure, le maquillage. Interdiction de mettre des bagues. J’ai ressenti ça comme une perte de personnalité », soupire Carole.

Les plannings fournis trois semaines à l’avance sont refondus et modifiés quelques jours avant en respectant quand même les onze heures de carence entre deux missions. Neuf mois sans vie sociale du matin ou du soir, horaires décalés, la nuit, le jour. (...)

À verser au dossier des perspectives emplois vantées par les partisans de l’aéroport à ND des Landes. Le rêve cloué au sol.