Ne cherchez pas à Paris celui qu’on appelle « le préfet des Syriens ». Son temps, il le passe à sillonner la France. Toujours flanqué d’un stagiaire de Sciences-Po, ce préfet sans territoire a des milliers de kilomètres au compteur sur les routes départementales et des centaines d’étapes en région, depuis qu’en mars 2015 il s’est vu confier l’accueil en France des réfugiés syriens et irakiens. Début mars, il termine sa 80e mission en région et affiche 54 départements visités.
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Chaque jour, le préfet fait dans la dentelle pour ajuster offres et demandes. Dans ses carnets, il tient une liste de propositions de logements qu’il tente de les faire correspondre au mieux avec la liste des familles en souffrance dans ces pays qui ploient sous les centaines de milliers de réfugiés. (...)
Au cours des décennies passées, M. Brot s’était déjà frotté au logement des étrangers avec la gestion d’une autre crise. C’est en effet lui qui avait mis un point final au dossier politiquement empoisonné des Maliens de l’esplanade de Vincennes, en relogeant 36 familles dans les Hauts-de-Seine, où il a été secrétaire général de préfecture entre 1995 et 1997. A l’époque, cela lui avait valu, à lui, gaulliste convaincu, de se retrouver encensé par le journal L’Humanité. Une reconnaissance qui n’arrive pas à tous ceux qui ont le cœur à droite.
Pas que des Syriens et Irakiens
Depuis deux ans, deux hommes ont facilité le travail du préfet, laissé seul avec sa mission : son directeur Pierre-Antoine Molina et Pascal Brice, le directeur de l’Office français des réfugiés et des apatrides (OFPRA). L’OFPRA travaille en effet en amont de M. Brot pour alimenter le flux de réfugiés bénéficiant de la protection de la France. « Nous organisons des missions au Liban, en Jordanie, en Égypte ou en Turquie afin d’entendre les familles trop souffrantes pour rester dans ces pays, explique Pascal Brice. Si le plus grand nombre des réinstallés par M. Brot sont Syriens, cette nationalité n’est pas exclusive ». Après que ces populations ont été estimées éligibles à l’asile, c’est le tour de la DGEF d’intervenir pour octroyer les visas qui permettent la venue en France.
Quand Jean-Jacques Brot a été nommé pour s’occuper des « réinstallés », ces réfugiés fragiles sélectionnés par le Haut-Commissariat aux Réfugiés avant d’être entendus par la France, il n’était pas question de relocaliser 30 000 réfugiés frais débarqués en Italie et en Grèce, dans le cadre du grand marchandage européen de la relocalisation. Six mois plus tard, en septembre 2015, dans le sillage de l’émotion suscitée par la mort du petit Aylan sur une plage turque, cette nouvelle mission se met en place, confiée à un autre préfet, Kléber Arhoul, qui à ce jour a honoré, lui, 14 % de ses engagements en accueillant depuis les camps grecs et italiens.
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