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le Figaro
Surveillance, données… Des parents d’élèves et des associations s’unissent contre les villes intelligentes
18 septembre 2019
Article mis en ligne le 13 octobre 2019
dernière modification le 12 octobre 2019

Quatre associations dont la FCPE et la Ligue des droits de l’Homme s’associent pour créer « La campagne contre la Technopolice ». Ils s’inquiètent de l’utilisation de la reconnaissance faciale et de la collecte massive de données privées.

Quatre associations françaises refusent que Big Brother devienne réalité. Lundi 16 septembre, dans un communiqué commun, la Ligue des droits de l’Homme, la Quadrature du Net, la CGT-Educ et la Fédération des conseils de parents d’élèves ont lancé un appel pour rejoindre la campagne « Technopolice ». L’objectif est de lutter collectivement contre les systèmes de reconnaissance faciale et de récolte de données numériques, testés dans différentes villes de France comme Nice ou Marseille. Les membres fondateurs estiment que ces expérimentations sont à l’origine d’une « mise sous surveillance de l’espace urbain ». De telles technologies sont déployées pour renforcer la sécurité d’une ville ou d’un quartier. Elles permettent de repérer une personne recherchée ou un comportement anormal dans une foule. C’est la Quadrature du Net, organisme qui promeut et défend les libertés fondamentales sur Internet, qui est à l’origine de la campagne. (...)

Début 2019, la Quadrature du Net a lancé une action en justice contre l’expérimentation de la reconnaissance faciale dans les lycées de la région Sud.
Plusieurs angles d’attaque

Malgré leur inquiétude commune sur les nouveaux réseaux de surveillance, les membres fondateurs de « Technopolice » ont chacun leur angle d’attaque. La Quadrature du Net reproche à des entreprises, comme Thales, de « prendre le contrôle de certaines villes », comme l’explique Martin Drago. « Ces firmes proposent des algorithmes magiques et promettent la ville idéale et sûre, mais leur discours est particulièrement flou » décrit-il. D’après les recherches de la Quadrature du Net, Thales veut bâtir des « Safe City » (« Ville Sûre ») et prédire des tragédies avant qu’elles n’arrivent, grâce à la reconnaissance faciale et des milliers de données.

De son côté, la FCPE, première fédération des parents d’élèves, s’inquiète des dérives des technologies de surveillance dans les établissements scolaires. « On peut imaginer des cas où la reconnaissance faciale est utilisée à l’entrée d’un lycée pour enregistrer les retards » raconte au Figaro Rodrigo Arenas, co-président de la FCPE. « Un élève pourrait ainsi se faire refuser l’entrée d’une école seulement parce qu’il a dépassé une heure précise, alors qu’il a peut-être un motif valable ». Pour l’instant, les premiers tests de reconnaissance faciale dans les lycées français sont au point mort. Marseille et Nice attendent la décision de la région Sud.

En France, les projets de « Smart City » sont encore au stade de l’expérimentation. En début d’année, la ville de Nice a testé un nouveau dispositif de surveillance basé sur la reconnaissance faciale. (...)

Rôle de la CNIL

En marge de tous ces projets, la campagne « Technopolice » dénonce également le « laisser-faire » de la CNIL, gendarme des données personnelles qui veille au respect des lois sur le sujet en France. Depuis la mise en application en mai 2018 du RGPD, règlement européen de protection des données personnelles, les expérimentations basées sur des données biométriques, c’est-à-dire liées au corps (comme la reconnaissance faciale), ne sont plus soumises à l’autorisation préalable de la CNIL. « Mais cela ne doit pas pour autant empêcher l’organisme d’agir » estime Martin Drago. « On attend de lui plus de courage politique. La CNIL pourrait proposer des débats, plus de communiqués, etc. ».

« Par principe, [nous ne sommes] pas pour ou contre la reconnaissance faciale » rappelle la CNIL, dans un e-mail envoyé au Figaro. « Notre rôle est de vérifier que les garanties nécessaires à la mise œuvre de tels dispositifs sont bien respectées ». En outre, en vertu du RGPD, le gendarme des données personnelles doit s’assurer que l’utilisation de la reconnaissance faciale fait l’objet d’un consentement « libre » et « éclairé », soit que les personnes scrutées par la technologie donnent leur accord en toute connaissance de cause. Le tout doit également s’inscrire dans une démarche exceptionnelle, comme celui de la sécurité ou de la prévention.

La Quadrature du Net regarde notamment du côté des États-Unis, où les choses bougent pour contrer la reconnaissance faciale. (..)